La dernière ligne droite est abordée par les 195 conférenciers animés d'un « sentiment d'urgence ». A six semaines de la conférence de Paris sur le climat, l'ultime épreuve avant le COP21 de Paris se présente sur le dur chemin de l'accord fortement attendu sur le réchauffement climatique, néanmoins contesté. A l'ouverture de la session à Bonn, siège de la Convention de l'ONU sur les changements climatiques (CNUCCC), les pays en développement ont pointé du doigt le « texte extrêmement déséquilibré », critiqué par la déléguée sud-africaine, Nozipho Mxakato-Diseko, au nom du groupe G77 et de la Chine, qui regroupe 134 pays émergents et en développement. Elle a néanmoins salué l'écoute dont ont fait preuve les coprésidents, l'Algérien Ahmed Djoghlaf et l'Américain Daniel Reifsnyder, mandatés début septembre par les pays pour proposer un texte plus clair et plus succinct réduit de 80 à 20 pages et apporter des ajouts nécessaires avant même le début des négociations. « Nous les pays vulnérables, nous avons besoin d'un accord plus que d'autres, mais on ne peut pas signer n'importe quoi », a déclaré lundi dernier Seyni Nafo, porte-parole du groupe Afrique. C'est que, en l'occurrence, le rejet des « propositions sur les financements » a justifié la grogne du G77 déterminé, selon Mme Mxakato-Diseko, à « travailler de manière constructive et disciplinée, et avec retenue en limitant nos ajouts aux propositions les plus essentielles ». De son côté, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a émis le vœu que « les pays acceptent de discuter sur cette base » et a appelé à « mettre à profit ces quelques jours pour avancer fortement ». La négociatrice française, Laurence Tubiana, qui se veut rassurante, a admis que « le temps presse ». C'est « dans la semaine », dira-t-elle, que le futur accord de Paris doit être entériné dans un esprit de responsabilité aux antipodes des batailles de procédure. Il s'appuie sur la contribution des 150 Etats dans la perspective de la conférence de Paris, prévue du 30 novembre au 11 décembre prochains et porteuse d'un espoir de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 2%. Si la trajectoire de 2,7 à 3% est jugée réaliste, le sentiment d'urgence est alimenté par les conséquences irréversibles sur les espèces, les océans et les écosystèmes si les égoïsmes nationaux perdurent et si rien n'est fait pour inverser la tendance au pessimisme. De sommets bilatéraux en réunions à l'ONU en passant par les déclarations de certains milieux financiers en faveur du développement d'économies « bas-carbone », ces dernières semaines ont levé un vent d'optimisme mesuré. Mais, concrètement, le temps de la responsabilité collective interpelle davantage le Nord et plus impérieusement les deux grands pollueurs que sont la Chine et les Etats-Unis, promettant en vain un soutien financier (100 milliards de dollars d'ici 2020) et technologique aux pays du Sud.