Le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, a indiqué jeudi à Paris que la paix au Mali « demeure fragile et ne saurait être solidement installée si les aspects économiques et de développement ne sont pas rapidement et systématiquement pris en charge ». « Cependant, il faut se rendre à l'évidence que cette paix demeure fragile et ne saurait être solidement installée si les aspects économiques et de développement, qui sont indispensables pour le succès de l'œuvre de paix et de réconciliation dans son ensemble, ne sont pas rapidement et systématiquement pris en charge », a averti Lamamra, lors de son intervention inaugurale à la conférence pour le développement du Mali. Le ministre, qui a coprésidé la séance matinale, a précisé, dans ce sens, que l'accord pour la paix et la réconciliation « exhorte les partenaires du Mali à accorder la priorité requise aux besoins des régions du Nord du Mali et à l'importance que revêt leur stabilisation rapide pour la paix et la sécurité régionales ». Un « témoignage supplémentaire » Lamamra s'est réjoui que les travaux, ayant pour thème « Les régions du Nord au cœur de la consolidation de la paix et de la relance économique », s'inscrivent dans ce cadre et visent à renforcer la mobilisation internationale pour la sortie de crise du Mali, notamment, à travers la mise en place d'un Fonds destiné au financement de la stratégie spécifique de développement durable pour le Nord, relevant sa satisfaction que la mission d'évaluation conjointe au Nord du Mali « se soit employée à la réactualisation des données disponibles depuis 2013, après avoir identifié les besoins des populations du Nord qu'elle quantifie actuellement avant de soumettre les résultats de ses travaux à un processus de validation incluant les populations concernées ». Pour le ministre, la tenue de cette conférence constitue un « témoignage supplémentaire » de l'intérêt soutenu de la communauté internationale à la stabilité du Mali et à sa partie septentrionale « perturbée par des problèmes structurels dans une conjoncture régionale compliquée par la prolifération de réseaux de criminalité transnationale organisée et de groupes terroristes fanatisés, avec des liens avérés, qui ont fait de la bande sahélienne un théâtre d'opérations privilégié ». Il a rappelé aux participants que c'était devant l'urgence de la situation, à la demande du président de la République du Mali et avec l'assentiment des mouvements concernés, que « l'Algérie s'est engagée, en 2014, dans la conduite d'une médiation transparente et inclusive, encadrée par des principes directeurs intransgressibles consacrés par la Constitution du pays », soulignant que « c'est cette œuvre persévérance de paix qui a abouti à l'accord issu du processus d'Alger que toutes les parties maliennes et la communauté internationale ont soutenu ». Le chef de la diplomatie algérienne a souligné l'urgence que les conditions socio-économiques dans lesquelles évoluent les populations des régions du Nord connaissent rapidement une amélioration perceptible et que soit mise en œuvre la réinsertion des membres des mouvements politico-militaires bénéficiaires des opérations de démobilisation, de cantonnement et de désarmement, comme il faut organiser, avec diligence, le retour des populations réfugiées et déplacées dans leurs localités d'origine et dans la vie sociale et économique locale. « Dans cette perspective, a-t-il dit, des efforts soutenus doivent porter sur l'accès à l'eau potable, à des réseaux d'assainissement fonctionnels, à l'électricité et aux télécommunications ainsi que sur la réouverture des unités de santé, des services sociaux de base et des écoles comme sur la disponibilité des médicaments, des vaccins et des denrées alimentaires ». Affirmant que les régions du Nord du Mali disposent « d'atouts importants » pour leur développement, il a recommandé qu'l serait « judicieux » d'adapter « notre approche au développement au rythme d'évolution de ces régions et d'éviter l'enlisement dans une approche par petits projets éparpillés qui ne répondraient qu'à des besoins ponctuels ». Cette approche « qui ne peut être que pragmatique et graduelle », a-t-il expliqué, « gagnerait à être diligente pour donner à ces populations éprouvées l'assurance que l'engagement de la communauté internationale à aider le gouvernement malien à travailler à la mise en œuvre scrupuleuse de l'accord, dans sa lettre et son esprit, ne sera pas un vain mot ». En conclusion, le ministre a indiqué que les populations des régions du nord du Mali, en particulier et le peuple malien dans son ensemble, « fondent beaucoup d'espoirs sur les temps forts, comme celui-ci, de la solidarité de la communauté internationale pour accompagner leur propre sursaut collectif afin de pouvoir sortir de la précarité sécuritaire et de la détresse économique qui sont leur lot ». « L'inclusivité institutionnelle et la bonne gouvernance, la sécurité et la stabilité, la relance de l'économie et l'amorce du développement devraient pouvoir mettre progressivement tout le peuple malien à l'abri de la peur et à l'abri du besoin. Le voisinage proche et lointain, la communauté internationale dans son ensemble y gagneront », a-t-il soutenu.