Juba, la capitale du sud-Soudan, accueillera aujourd'hui Omar El-Béchir. «Historique» tel est le mot utilisé par Salva Kiir, le chef du gouvernement du sud et Bernaba Marial Benyamine, son porte-parole pour qualifier cette visite programmée cinq jours avant le référendum de dimanche prochain qui permettra aux Soudanais du Sud de choisir entre l'indépendance de la région ou l'unité avec Khartoum. El-Béchir redoute ce scrutin qui déboucherait, selon les analystes, sur la sécession du Sud Soudan qui abrite avec Abeiy où le référendum prévu initialement pour la même date, est reporté sine die en raison de contraintes logistiques, les trois-quarts des réserves pétrolières du pays. Pour éviter un affaiblissement de son «autorité» après cette «indépendance» et la réduction des revenus pétroliers annoncée, El-Béchir qui a réaffirmé à plusieurs reprises son engagement à respecter les résultats du référendum, multiplie depuis peu des appels à la formation d'un gouvernement d'union nationale élargie. «J'appelle à la formation d'un gouvernement à base large qui élargit la base de participation», dit-il. Lors du discours qu'il a prononcé vendredi dernier à l'occasion du 55e anniversaire du Soudan, il a accompagné son appel aux «forces politiques nationales et les leaders des partis politiques» à «sauvegarder la souveraineté et l'indépendance du pays face à toute intervention extérieure» par sa «volonté d'éteindre le feu». Notamment au Darfour si la population s'engage pour une paix durable «dans le cadre de l'ordre constitutionnel» et opte pour la réconciliation. Peine quasiment perdue. L'opposition qui fait porter au parti du Congrès national la responsabilité du divorce d'avec le Sud, rejette cette offre. «La seule solution pour El-Béchir aujourd'hui est de démissionner, d'organiser de nouvelles élections et de créer un forum en vue de rédiger une nouvelle Constitution», affirme Kamal Omer du Parti du congrès du peuple. Menés par El Ouma, d'autres partis manœuvrent ouvertement contre Khartoum qui pourrait perdre, selon eux, le Darfour, après l'échec des pourparlers de paix à Doha. La Ligue arabe qui abritera à Khartoum la prochaine réunion de coordination le 6 janvier, redécouvre le chemin du Soudan. Elle annonce qu'elle déploiera pour ce scrutin qu'elle souhaite «transparent et crédible» ses observateurs aux côtés de ceux de l'UA, l'UE et l'ONU sur 21 centres de vote dans le Sud, le Nord et le Darfour. Les Etats-Unis qui ont des «visées réelles» sur le Soudan ne seront pas absents. Hillary Clinton conduira dès ce samedi une délégation de haut niveau. Accompagnée de l'ancien chef de la diplomatie américaine Colin Powell et de l'ancien envoyé spécial américain pour le Soudan, John Danforth, elle tentera de s'enquérir du référendum qui pourrait bouleverser la carte de l'Afrique où les frontières sont sensées être intouchables.