L'écrivain, traducteur et nominé au Goncourt, Mathias Enard, a été, vendredi dernier, invité au 20e Sila. Il a animé une rencontre autour du thème « La langue arabe et moi », et présenté son roman « Boussole », paru aux éditions « Acte sud ». « Boussole » est un roman sur les rapports entre l'Orient et l'Occident.Il dira d'emblée : « C'est une grande émotion pour moi de me retrouver en Algérie, un pays que je connais à travers les livres, l'histoire. J'ai longtemps vécu dans le monde arabe surtout en Orient, entre la Syrie, le Liban et l'Egypte. J'ai traduit des textes de littérature libanaise, notamment ceux du poète Youcef Baez. Ma relation avec la langue arabe est plutôt quotidienne, car j'ai la chance d'habiter à Barcelone où, avec des amis, nous avons recomposé le monde arabe. Je parle le dialecte libanais mais je ne maîtrise pas l'arabe littéraire, pourtant j'ai une pratique assez fréquente de la traduction à l'arabe à l'Université de Barcelone. J'ai aussi écrit dans le journal Es-Safir. Je suis donc un arabisant arabisé. » Interrogé sur la diffusion de la littérature arabe en Occident, il répond qu'« elle n'est pas suffisamment connue en Occident. Elle est pourtant extraordinairement importante pour la littérature du monde. Aujourd'hui, c'est une porte d'entrée très importante pour comprendre l'enjeu contemporain du monde arabe. Malheureusement, alors que les érudits médiévaux s'intéressaient énormément à ce qui se passait de l'autre côté de la Méditerranée, la langue arabe souffre sans doute aujourd'hui d'un déficit de traduction en Europe. Ce qui fait qu'elle n'est pas accessible dans toute sa diversité. » A propos de l'organisation du Sila, il témoigne que « c'est un lieu où on a accès à la production des livres des autres pays du monde ». Sur l'apprentissage de l'arabe, Enard relève que « parmi les difficultés qu'on rencontre, c'est l'accès au livre ». « C'est assez difficile de suivre l'actualité de la littérature arabe contemporaine », note-t-il. Il avouera être envoûté par la beauté de la langue arabe. « La langue arabe est absolument immense et très diverse », soutient-il