Il est jeune et ambitieux. Amine Aït Hadi est le lauréat du premier prix Assia-Djebar du roman paru en langue française, aux côtés d'Abdelwahab Aïssaoui et Rachid Boukhroub, deux autres lauréats du prix (arabe et tamazight). Pour rappel, le prix Assia-Djebar a été institué dernièrement par les éditions Anep et Enag, dans le cadre du 20e Salon international du livre d'Alger (Sila). Amine Aït Hadi a été primé pour son livre « L'aube au-delà » sorti aux éditions Aden. Dans cet opus de 151 pages, l'auteur de « Haram » traite de la décennie noire. « L'aube au-delà est un roman colérique. J'ai transmis toute ma rage à travers le personnage de Meriem. Une battante. En même temps, c'est un roman fantastique », confie Amine Aït Hadi, en marge de la cérémonie de récompense du prix Assia-Djebar, donnée dernièrement à l'hôtel Hilton, Alger. Il faut dire que l'écriture d'Amine Aït Hadi est très moderne. Il raconte une histoire à la fois personnelle et personnalisée. Tout en narrant le texte original, l'auteur ancre le récit dans une époque très contemporaine. Ce premier roman d'Amine Aït Hadi est un travail qui mérite d'être félicité et encouragé car l'auteur a utilisé un lexique simple, profond et riche en images et en imaginaire. On retrouve, par ailleurs, des sentiments optimistes dans ce roman, comme dans cet extrait : « Je me tiens dans la pénombre le couteau luisant. La fine couche lumineuse qui barre l'antre est un halo de lueurs jaunâtres provenant d'une fenêtre mal condamnée. On dirait les faibles irradiations d'une lune malade. J'entre, c'est sa chambre, l'air y est lourd, infecte et menaçant. Vestige planant d'un monstre vivant ici en parfaite harmonie avec l'odeur étouffante des chaussettes sales mouillées. L'eau stagnante nauséabonde, et même, sans trop m'aventurer à identifier la moindre émanation : un cadavre de chat puant. Les écroues valsent là où folâtrent mes pieds qui me paraissent dans un premier temps étrangers, puis le sentiment de perdre quelque peu le contrôle de mes membres, comme assaillis par de soudaines crampes et des fourmillements. Mes pieds ne reconnaissent pas le sol qu'ils foulent et je palpe l'ombre comme une taupe désespérée, reconnaissant à peine cette brume d'ondes basses qui m'obstrue la vue. » Il conclut : « Entre la cruauté du père et la résignation de la mère, entre tourment et déraison, Meriem tente de se frayer un chemin dans la vie. Dans la folie serait mieux dire. » Amine Aït Hadi vit à Alger. Il a déjà publié deux recueils de poèmes : « Ars Moriendi » (La consolation des berges) et poèmes « Haram ». En projet, Amine Aït Hadi souhaite que son roman soit traduit en arabe et dans toutes les langues possibles.