Soupçonné de conflit d'intérêt, le président de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) l'Anglais Sebastian Coe, a fait le choix de la raison en abandonnant son rôle d'ambassadeur auprès de Nike pour lutter contre les scandales mêlant dopage et corruption qui gangrènent son sport. « Pour moi, il n'y avait pas conflit d'intérêts », a tenu à souligner Coe, qui s'exprimait à Monaco à l'issue d'une réunion du conseil de l'IAAF, le gouvernement de l'instance. Mais les liens entre Coe et Nike ont soulevé nombre d'interrogations depuis l'élection en août dernier de l'ancien champion olympique à la tête de l'IAAF, avec des soupçons concernant l'attribution des Mondiaux-2021 à Eugene (Etats-Unis), ville où est née la marque. Le choix de la ville américaine avait été annoncé à la surprise générale en avril, alors que le processus classique d'étude des candidatures n'avait pas été respecté. « Il est clair que la perception (des choses) et la réalité ont été horriblement altérées », a déclaré Coe, qui était vice-président de l'IAAF lors de la désignation d'Eugene. « J'ai quitté mon rôle d'ambassadeur pour Nike que j'avais depuis 38 ans », a-t-il développé. La situation n'était « pas bonne pour l'IAAF et pas bonne pour Nike ». Exit donc, les 142.000 euros annuels estimés (100.000 livres sterling) que lui versait la marque à la virgule. Un geste fort surtout, alors que le poste de président de l'IAAF n'est pas rémunéré. Mais l'ancien patron des Jeux de Londres, fin communicant, ancien député des Communes et Lord depuis 2000, connaît trop les conséquences dévastatrices des soupçons pour s'obstiner contre toute logique. Ce geste symbolique doit lui permettre de se consacrer à l'essentiel : la lutte contre le dopage, générateur du plus gros scandale qui ait touché l'athlétisme avec les révélations début novembre de l'Agence mondiale antidopage (AMA) sur un « dopage organisé » en Russie. La seconde partie du rapport de l'AMA, qui doit être présentée début 2016, promet également d'être explosive pour l'IAAF.