La volatilité des prix des matières premières agricoles et des produits alimentaires préfigure, selon Olivier de Schutter, le rapporteur spécial pour le droit à l'alimentation des Nations unies, une « nouvelle crise » pour les pays pauvres. « Les stocks ont été regarnis en 2008 et en 2009, mais l'écart entre la réalité de ces stocks et l'évolution des prix sur les marchés est parfois considérable. En ce sens, nous vivons aujourd'hui, dit-il, le début d'une crise alimentaire similaire à celle de 2008 » en référence à l'explosion des prix alimentaires de 2008, qui a provoqué des émeutes de la faim dans une trentaine de pays. Selon lui, « quatre-vingt pays sont en situation de déficit alimentaire ». Notamment ceux du Sahel qui « sont en situation de déficit alimentaire » et les pays pauvres qui « qui ont peu de réserves de devises ». « Il ne faut pas répéter les erreurs commises il y a trois ans », prévient-il, qualifiant la situation de « très dangereuse ». La Russie a cessé toutes ses exportations de blé, en juillet, pour cause de sécheresse, et les prix ont doublé en trois semaines. Le prix de la tonne de blé qui était de 100 euros début juillet 2009, tourne autour de 220 euros aujourd'hui. Il pourrait frôler bientôt 300 euros selon les analystes. Pourtant, les stocks mondiaux ont été reconstitués en 2008 et en 2009. Les réserves de blé sont ainsi passées de 166,19 millions de tonnes en 2008/09 à 196,68 millions un an plus tard, selon le ministère américain de l'Agriculture. Selon l'Organisation des nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), l'indice mesurant les évolutions de prix d'un panier de céréales, oléagineux, produits laitiers, viandes et sucre est au plus haut depuis sa création, en 1990. Parmi les causes de cette crise ? Le non-respect par les pays riches de leurs engagements. Au sommet du G8 de l'Aquila en Italie en avril 2009, ils s'étaient engagés à verser 20 milliards de dollars pour relancer la production agricole dans les pays en développement. Deux ans plus tard, seuls 20% de cette somme ont été déboursés. La France, qui préside le G20, promet de faire de l'alimentation un enjeu majeur tout au long de son mandat. Certains pays du Sud s'empressent de mettre en place des mesures pour réduire les prix des produits de base.