Les subventions des pays riches à leurs agriculteurs sont un "énorme scandale", a estimé lundi le rapporteur de l'ONU pour le droit à l'alimentation, Olivier De Schutter. "Le niveau actuel des subventions que les pays de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économique) fournissent à leurs paysans sont un énorme scandale", s'est insurgé M. De Schutter. "Il s'agit de l'une des plus importantes, sinon la plus importante, distorsions sur les marchés agricoles", a-t-il ajouté en présentant à la presse son dernier rapport sur le droit à l'alimentation axé sur les difficultés des petits paysans des pays en développement face à la concurrence des multinationales. Pour l'expert onusien, ces subventions ont un "très fort effet dissuasif pour de nombreux pays en développement ainsi que pour ceux qui ont investi dans les cultures" et créent une concurrence très inégale. "Je dénonce cela très vigoureusement et je pense que c'est inacceptable", a insisté M. De Schutter. L'Union européenne et les Etats-Unis sont particulièrement sous le feu des critiques des pays en développement pour leurs gigantesques subventions au secteur agricole, accusées de casser les prix et de défavoriser les productions des petits paysans du Sud. La disparition de ces subventions est une des questions-clés du cycle de Doha de libéralisation des échanges mondiaux sous l'égide de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), dans l'impasse depuis plusieurs années. Olivier De Schutter, Rapporteur spécial de l'ONU sur le droit à l'alimentation, a déclaré que les Etats et les entreprises doivent aider les petits exploitants agricoles qui souffrent de la concurrence inégale des entreprises agroalimentaires Selon le rapport de Mr De Schutter, les compagnies multinationales dominent de plus en plus le marché de l'alimentation, et les petits agriculteurs se voient dans l'incapacité de traiter avec ces grandes entreprises pour vendre leurs récoltes à des prix équitables. Pour Mr De Schutter, les compagnies agroalimentaires peuvent jouer un rôle clé dans l'application du droit à l'alimentation, mais les Etats doivent davantage soutenir les petits exploitants agricoles et pousser les entreprises à changer leurs tarifications et leurs standards. " C'est cette situation qui explique pourquoi aujourd'hui les petits exploitants dans les pays en voie de développement représentent la population qui souffre le plus de la faim dans le monde ", a déclaré M. De Schutter, dans un communiqué de presse. A cet effet, toute une série d'outils et de réformes que les Etats et les entreprises pourront mettre en œuvre, ont été exigés par le Rapporteur Spéciale. Parmi elles, on peut citer la création de coopératives d'agriculteurs, ou bien encore, la mise en place de programmes de renforcement des capacités des petits exploitants ainsi que l'instauration de primes incitatives pour commercer de manière équitable avec les petits agriculteurs. Par ailleurs, Mr De Schutter a incité les Etats à agir contre les pratiques injustes et la concentration économique excessive dans la chaîne de production agroalimentaire. "Le rôle des entreprises agroalimentaires ne devrait pas contribuer directement où indirectement à la violation des droits humains dans leurs relations avec leurs fournisseurs", a ajoute le rapporteur spécial dans le communiqué de presse.