L'accord entérine l'objectif très ambitieux de contenir le réchauffement « bien en deçà de 2°C ». Il appelle même à « poursuivre les efforts pour limiter la hausse à 1,5° » par rapport à l'ère pré-industrielle, une demande des pays les plus vulnérables. Jusqu'à présent, les 2°C étaient visés. L'aide climat aux pays en développement, qui doit atteindre 100 milliards de dollars annuels en 2020, devra être « un plancher », appelé à être revu à la hausse. C'était aussi une exigence forte des pays du Sud. En réunion plénière, des discours enthousiastes ont accueilli l'accord, seul le Nicaragua a émis des réserves. « Nous croyons que cet accord peut marquer un tournant vers un monde meilleur et plus sûr », a déclaré Edna Molewa, la ministre sud-africaine de l'Environnement, dont le pays préside le groupe le plus important, le G77+Chine (134 pays). Au nom des pays développés, la ministre australienne Julie Bishop a déclaré que « nous pouvons rentrer à la maison pour mettre en œuvre cet accord historique ». « L'histoire jugera le résultat non pas sur la base de l'accord d'aujourd'hui, mais sur ce que nous allons faire à partir d'aujourd'hui », a tempéré Thoriq Ibrahim, ministre de l'Environnement des Maldives et président du groupe des petits Etats insulaires. « Il reste encore beaucoup de travail à accomplir », a abondé la chancelière allemande Angela Merkel, mais l'accord « est un signe d'espoir que nous parviendrons à rendre plus sûres à l'avenir les conditions de vie de milliards de personnes ». « Le problème n'est pas résolu grâce à l'accord de Paris, mais ce dernier établit le cadre durable dont le monde a besoin pour résoudre la crise climatique », selon le président américain Barack Obama depuis la Maison-Blanche. « Nous avons sécurisé notre planète pour de nombreuses générations à venir, et il n'y a rien de plus important que cela », a jugé le Premier ministre britannique David Cameron. Reflétant un sentiment partagé par plusieurs des grandes ONG, Greenpeace a estimé que l'accord marquait un « tournant » et reléguait les énergies fossiles « du mauvais côté de l'Histoire ». Le pacte, qui entrera en vigueur en 2020, doit permettre de réorienter l'économie mondiale vers un modèle à bas carbone. Une telle révolution implique un abandon progressif des ressources fossiles (charbon, pétrole, gaz), qui dominent largement la production énergétique mondiale, un essor des énergies renouvelables, d'immenses économies d'énergies ou encore une protection accrue des forêts. L'accord consacre l'importance de donner un prix au carbone pour stimuler les investissements dans les énergies propres. Les objectifs des pays établis en vue de la COP, pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, mettent à ce stade la planète sur une trajectoire de +3°C. L'accord instaure un mécanisme imposant de les réviser à la hausse tous les cinq ans, mais à partir de 2025 seulement, une date jugée trop tardive par les ONG et les scientifiques, dont certains ne cachent pas leur scepticisme.