La démission, jeudi dernier, des onze ministres, comptant pour le pôle de l'opposition, provoquant la chute du gouvernement Saâd Al Hariri, sonne-t-elle la fin d'une «union» contre nature qui n'a que trop duré? Réveillera-t-elle les vieux démons communautaires dont le pays du Cèdre en a tant souffert ? Ouvrira-t-elle simplement la voie à une autre formation gouvernementale que le Hezbollah et ses alliés entendent présider ? En dépit des profondes divergences opposant les deux camps rivaux, et les dangers suscités par cette nouvelle crise, le président de la République Michel Sleimane a décidé d'agir, et d'agir vite. Après avoir chargé Al Hariri- rentré hier à Beyrouth, après une tournée internationale (Etats-Unis, France et Turquie)- d'expédier les affaires courantes, compte entamer dès ce lundi de vastes consultations avec les groupes parlementaires pour la nomination d'un nouveau Premier ministre. Pris de court après la rencontre à Washington, du président Obama avec Premier ministre libanais, les Etats-Unis, via leur ambassadrice à Beyrouth, ont appelé les parties rivales à «faire preuve de retenue» : «Il est maintenant plus important que jamais que toutes les parties s'engagent dans un dialogue constructif et évitent une escalade des tensions dans le pays», a déclaré Maura Connelly. Depuis la capitale qatarie, Doha, la secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, et les pays du Conseil de coopération du Golfe ont exprimé leurs inquiétudes. Ils ont exhorté «toutes les parties libanaises à faire preuve de sagesse et à engager le dialogue» pour contenir la crise ouverte par les divisions autour de l'enquête sur le meurtre de l'ancien Premier ministre Rafik Hariri. L'Iran, accusé par l'Occident d'être l'un des principaux soutiens du Hezbollah, a vivement réagi en accusant les Etats-Unis et Israël d'avoir «saboté» la médiation de la Syrie et de l'Arabie saoudite visant à éviter la crise politique au Liban. Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a appelé mercredi toutes les parties politiques libanaises à se référer à la Constitution afin d'éviter au pays les dangers d'une crise qui risque de déstabiliser l'unité du Liban et menacer le processus de son développement.