Photos : Fouad S. «L'Etat a énormément fait pour la jeunesse, mais les récentes émeutes ayant éclaté dans différentes régions du pays démontrent que des erreurs ont été commises en termes de ciblage des priorités et des choix». Cet aveu est celui de M. Seddik Chiheb, membre du bureau national du RND, également vice-président de l'Assemblée populaire nationale qui est intervenu, hier, sur les ondes de la radio nationale. Cela ne signifie pas que l'Etat a «failli», dira-t-il. Il s'étalera ensuite sur les «rattrapages» que l'Etat a dû consentir ces dernières décennies, marquées par un terrorisme ravageur qu'il fallait combattre et des insuffisances économiques et sociales à combler. Une chose est sûre, ces émeutes constituent un moyen d'expression ayant «surpris plus d'un», dont le RND qui a vite réagi en pointant du doigt «les lobbies d'intérêt pesant sur la vie quotidienne des citoyens». Ces intérêts «sont apparents, visibles et audibles», lance Chiheb faisant remarquer que l'économie du bazar, de l'import-import est devenu malheureusement «une activité florissante». IL FAUT AFFINER LA POLITIQUE DE SUBVENTION DE CERTAINS PRODUITS Loin de vouloir trouver des excuses à certaines politiques «mal choisies», l'invité de l'émission intitulée «Politique» de la chaîne III tient à préciser qu'il ne faut pas perdre de vue que les réformes engagées par le gouvernement n'ont pas été digérées par certaines parties, ayant souhaité que l'Etat fasse marche arrière, notamment pour ce qui est de la loi de finances complémentaire de 2009. Parce que «nous avons une économie fragile, l'Etat doit affiner davantage sa politique de subventions de certains produits en trouvant des artifices pour stabiliser les prix des matières premières et notamment des produits de large consommation», déclare-t-il dans un souci «d'arriver à une politique de cohésion sociale efficiente et à une économie qui tient la route». Pour ce qui est de la prise en charge des jeunes «laissés sur le carreau», Chiheb Seddik reconnaît que, peut être, les anciens dispositifs d'emploi ont démontré «leurs limites». Quel rôle assume le parti d'Ahmed Ouyahia en direction des jeunes justement ? L'invité de la radio récuse l'idée que les partis politiques soient des coquilles vides n'ayant rien fait pour cette frange sensible de la société. Il estime cependant que les jeunes de par le monde se détournent de la chose politique, car «elle ne répond pas à leurs besoins immédiatement». L'Algérie ne fait pas l'exception, dira-t-il en appelant «à ne pas diaboliser, discréditer et marginaliser la classe politique ayant des objectifs plus profonds». Et d'enchaîner : «On ne peut pas prétendre encadrer l'ensemble des jeunes. La révolte est un nouveau mode d'expression de la jeunesse et ce, à l'échelle mondiale». Cependant, Chiheb est convaincu que l'interpellation est aujourd'hui très forte puisque «tout le monde est mis devant le fait accompli». LEGISLATIVES DE 2012 : LE RND NE SE PRESENTERA PAS AVEC UN PROGRAMME COMMUN Interrogé, par ailleurs, sur les prochaines législatives de 2012, l'invité de la radio affirme qu'il ne pense pas que le RND engage la bataille avec un programme commun avec le FLN ou le MSP, ses alliés de l'Alliance présidentielle. Il fera savoir néanmoins que sa formation devra émettre des propositions, comme en 2007, à l'occasion desquelles le Rassemblement avait présenté plus de 140 propositions. «Cela ne veut pas dire que nous ne collons pas au programme du président de la République qui est plus profond et plus global», précise-t-il en soulignant que la place des femmes et des jeunes sera prépondérante lors de ces joutes. Comment garantir un fort taux de participation lors de cette échéance électorale ? Chiheb dira : «Il ne faut pas se leurrer. Il faut être réaliste. L'Algérie est en train de vivre une démocratie naissante. Les Algériens ne veulent pas revenir en arrière», justifie-t-il, en réponse aux voix ayant remis en cause la légitimité de l'APN puisque le quorum n'a pas excédé les 35% en 2007, alors qu'il doit atteindre les 51%. «L'abstention, comme l'absentéisme des députés, sont des phénomènes mondiaux», rétorque-t-il. A la question de savoir si les crises que subissent certains Etats arabes peuvent induire un effet de contagion sur l'Algérie, Chiheb estime que la situation est déplorable notamment en Tunisie, mais «les crises sont dans ce cas-là les bienvenues, étant donné qu'elles constituent un baromètre pour les dirigeants. «Certes, cela va faire tache d'huile, mais les Etats arabes doivent en tirer les enseignements nécessaires».