C'est dans une salle comble avec des cadres et des élus du pays (parlementaires et présidents d'APC) que le vice-président de l'APN et coordinateur du RND pour Alger, Chiheb Seddik, a animé un meeting commémoratif du 11e anniversaire du parti au siège de l'UGTA. Le lieu de la manifestation publique est en soi assez symbolique puisque Abdelhak Benhamouda (ancien secrétaire général de l'UGTA assassiné en janvier 1997) était pressenti pour prendre les rênes de la nouvelle formation, qui apparaissait sur la scène politique au moment où le pays partait à la dérive. Quelques mois à peine après sa naissance, le RND rafle la majorité des sièges de la première Assemblée nationale pluraliste puis autant d'APC et d'APW. Le sens de sa création dans un contexte politique et sécuritaire précaire devenait dès lors clair : le RND servira de relais à l'Etat face à un FLN en perte de crédibilité et de popularité, et des islamistes ayant le vent en poupe. Seddik Chiheb n'a pas manqué de le rappeler en soulignant que le Rassemblement “n'a pas été créé pour rajouter un parti sur la scène politique, mais pour parachever la construction de la République. Quand on dit que notre référence est le novembrisme, cela ne veut pas dire que nous retournons vers le passé, mais que nous portons les valeurs du nationalisme”. Au-delà du terrorisme, qui sévit, certes, encore mais sous une autre forme, le conférencier a parlé des conséquences de cette violence, dont la plus dramatique, à son avis, “est le phénomène de harragas”. Il a affirmé que le cumul des problèmes et des privations a généré le désespoir social. “Les Algériens doutent de leur pays, de leur Etat, de leur avenir. Notre plus grand défi est de changer les mentalités.” À ce titre, il a réitéré le soutien du parti au président de la République, qui a accompli, a-t-il soutenu, de grands exploits dont les répercussions ne sont pas encore visibles. Il a cité l'exemple du remboursement, par anticipation, de la dette extérieure et l'assainissement de la dette intérieure. Selon le membre du bureau du RND, le gouvernement doit poursuivre les réformes économiques qui passeraient fatalement par la privatisation des entreprises publiques. “300 sociétés sont en situation de déficit permanent. L'Etat injecte 400 milliards de dinars pour les mettre à niveau”, a-t-il avancé pour appuyer sa thèse, en martelant que son parti ne se cache pas derrière la démagogie. Il défend et assume les mesures les plus impopulaires. Il a alors lancé que le Rassemblement souhaite réhabiliter l'acte de gestion. “Nous devons en finir avec la gestion des slogans qui a fait beaucoup de mal au pays”, a-t-il déclaré dans une allusion à peine voilée au FLN, qui contrôle les institutions de l'Etat depuis les élections législatives et locales de 2002. Il est revenu sur l'option de la révision constitutionnelle pour permettre au chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, de briguer un troisième mandat, en la justifiant par la nécessité de faire prévaloir la stabilité du pays. “Cela ne nous empêchera pas de relever les points négatifs et les insuffisances”, a promis le cadre du RND, qui a précisé qu'il s'exprimait au nom du secrétaire général, Ahmed Ouyahia. S. H.