«C'est parce que le cancer du col de l'utérus tue une moyenne de 3.000 femmes algériennes par an. C'est parce que la prise en charge d'un seul cas coûte 2,5 millions DA au trésor public et c'est parce que les tabous sont tels que la femme continue à subir sans réagir, que les femmes du club inner-weel (la roue interne) de Tizi-Ouzou ont décidé d'agir pour justement prévenir ce mal en organisant une caravane de sensibilisation et de dépistage de cette maladie». Le propos est de Mme Madjène, présidente du club inner-weel de Tizi-Ouzou qui a organisé avant-hier sous le parrainage de la direction de la santé une journée de dépistage du cancer du col de l'utérus au niveau du service de gynécologie de l'EPH de Draâ-El-Mizan. Cette campagne a été précédée, deux jours auparavant par une journée de sensibilisation au niveau de la maison de jeunes de la même localité. En outre, le club inner weel a diffusé un message sur les ondes de la chaîne II. Ses membres se sont également déplacés dans les villages pour expliquer aux femmes la portée de leur action.Le jour «J», des centaines de femmes se sont présentées à l'unité de dépistage du service de gynécologie-obstétrique. «Jamais nous n'aurions pensé que cette opération allait provoquer une telle ruée dans cette région très conservatrice», ont souligné les responsables de l'hôpital qui ont dû demander à certaines d'entre-elles de revenir au courant de la semaine prochaine. D'ailleurs le Dr Taleb a souhaité la mise en place d'autres unités de dépistage car les deux existantes au niveau des EPH de Draâ-El-Mizan et d'Azazga sont insuffisantes pour faire face à la forte demande. Une demande qui a provoqué une vive émotion chez le Dr. Amirat, la responsable de l'unité de dépistage. «Je suis ravie de voir en une seule fois et en une seule matinée autant de femmes venir dans nos services». C'est ainsi que toute la matinée et une partie de l'après-midi de ce samedi, 500 femmes ont bénéficié de la consultation et du dépistage. «Ce que nous appréhendions s'est avéré une réalité. Plus de 60% des femmes consultées présentaient un col infecté porteur du papillomavirus humain (HPV) de type 16, 18 et 31, responsable du cancer du col de l'utérus qui peut, en l'espace de six ans, se développer en tumeur maligne et certains cas sont déjà à un stade avancé», indique le Dr Touat, gynécologue et membre d'inner-weel. LES HAMMAMS, UN TERRAIN PATHOGÈNE Le cancer peut également se déclencher à la suite d‘une accumulation d'infections vaginales non ou mal soignées. «La négligence du traitement de ces infections accumulées finit par se traduire en cancer», affirme le Dr. Taleb. «L'autre cause préoccupante, est la fréquentation des hammams qui expose également les femmes et jeunes filles aux risques de ce cancer. Les bactéries sont très implantées dans les bains maures et peuvent provoquer des infections menant plus tard au cancer du col de l‘utérus», ajoute-il. «Pour l'heure, seule la prévention est le moyen de lutte contre cette pathologie même si l'avancée médicale a mis sur le marché un vaccin préventif», observe le Dr Taleb. Toutefois ce vaccin n'est pas encore disponible dans nos officines alors qu'il l'est dans pratiquement 150 pays à travers le monde. «Ce vaccin est le seul moyen préventif efficace qui existe contre le cancer du col de l'utérus. Il est prescrit à partir de l‘âge de 14 ans et reste valide jusqu'aux premiers rapports sexuels de la femme», a souligné récemment le Dr. Kamel Bouzid, chef du service oncologie du Centre-Pierre-et- Marie-Curie (CPMC) d‘Alger. Les membres d'Inner-Weel seront dans 21 jours dans la localité de Béni-Douala, seconde étape de leur caravane qui les mènera jusqu'à Akbou dans la wilaya de Bejaia.