La décision du ministère de la Pêche d'interdire l'exploitation des ressources halieutiques aux bateaux étrangers ainsi que l'exportation des produits de la pêche n'a pas été accueillie avec enthousiasme par les professionnels du secteur. Sceptique, Houcine Belout, président du Comité national des marins pêcheurs (CNMP) estime que cette nouvelle disposition qui vise à réserver l'exclusivité de la pêche aux nationaux et par ricochet augmenter le ratio de consommation de poisson par tête d'habitant, est venue en retard. «Toute la production halieutique a été raflée par les bateaux- usine étrangers qui avaient signé des conventions avec l'Algérie. Il n'y a rien à pêcher au large de nos côtes. Il faudra attendre des années pour que nos fonds marins soient repeuplés de poissons», observe-t-il. Autres écueils qui pourraient rendre inefficace l'initiative de la tutelle : la pollution du littoral algérien «qui a atteint des proportions inquiétantes», la pêche illégale durant le repos biologique des espèces et l'utilisation de la dynamite. «Quand un pêcheur fait exploser de la dynamite en mer, aucun poisson ne pourra se reproduire, aucun corail ne repoussera sur un rayon d'un kilomètre de diamètre pour longtemps», explique M. Belout. Mais cet avis est loin d'être partagé. Pour Mokhtar Belarbi, président de la Fédération des pêcheurs ce nouveau dispositif du ministère ne pourra que donner un second souffle au secteur de la pêche. Et si ce dernier peine à se développer, c'est tout simplement parce qu'il tarde à se moderniser. «La pêche enregistre un déficit dans le domaine des équipements ce qui freine l'augmentation de la production», estime-t-il. Toutefois, le représentant de la fédération évoque l'exploitation des espèces de poissons qui ne sont pas prisés par les consommateurs tels la langouste, le mérou, la dorade ou l'espadon «qui s'annoncent rarement sur la table du consommateur». De son côté, le ministère de la Pêche affirme que la nouvelle démarche permettra d'augmenter le volume de production qui devrait atteindre les 221.000 t/an d'ici à l'horizon 2025. Mais ceci intervient après que le ministère a gelé la décision d'injecter 666 unités de pêche en 2010 en attendant les résultats d'une nouvelle campagne d'évaluation de la ressource prévue pour 2011 avec la réception d'un bateau scientifique. Les exportations de poissons notamment vers l'Union européenne, sont passées de 1 647 tonnes en 2001 pour une valeur de 5,80 millions de dollars à 2 124 tonnes en 2009 pour une valeur de 9,6 millions de dollars.