Et si les zones franches constituaient un levier important de la croissance économique hors hydrocarbures ? C'est, en tout cas, ce que s'est efforcée d'expliquer la vice-présidente du Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (Care) et avocate spécialisée dans le droit des sociétés, Me Hind Benmiloud, lors d'une matinale consacrée, hier, aux zones franches. La conférencière a insisté sur la nécessité de créer ces zones, dans lesquelles les entreprises qui s'y installent bénéficieront d'un environnement fiscal et réglementaire plus favorable que celui en vigueur dans le reste du pays. Il s'agit, selon elle, de redynamiser l'économie nationale et le secteur industriel de production de biens et services à l'instar de ce qui se fait dans d'autres pays. Elle a cité les exemples des ports de Djebel Ali (Emirats arabes unis), de Hambourg (Allemagne), de Jurong (Singapour) et de Tanger (Maroc). « La crise du pétrole nous oblige aujourd'hui à repenser notre stratégie économique et à mettre en place de nouvelles opportunités de création d'entreprises hors hydrocarbures et cela très rapidement, car nous n'avons plus de temps à perdre », a-t-elle indiqué. Alors qu'en 2003, le gouvernement semblait aller vers le développement des zones franches avec l'ordonnance 03-02 du 19 juillet 2003, un texte qui a été, selon elle, finalement abrogé en juin 2006 « sans que l'on sache véritablement pourquoi ». Pourtant, dans beaucoup de pays émergents, cela a été une envolée des zones franches qui ont constitué des leviers importants de croissance en créant des zones d'entreprises d'exportation créatrices d'emplois nouveaux, principalement dans l'industrie via la sous-traitance internationale, et de la formation de la main-d'œuvre, de la diversification de l'économie avec de nouvelles filières d'activité et de transfert de technologie et surtout d'apport de devises au pays d'accueil, a-t-elle fait savoir. « Non seulement nous avons du mal à créer notre propre modèle mais en plus nous accusons un grand retard à imiter les pays développés », a-t-elle souligné. « Pourquoi ne peut-on pas avoir l'ambition d'une Algérie puissance économique ? », s'est-elle demandée en relevant que la compétence algérienne existe. Me Benmiloud a, par ailleurs, appelé les pouvoirs publics à prendre en compte les expériences d'autres pays et à s'inspirer notamment de ceux qui ont réussi à créer des pôles d'attraction, de tourisme et de services. « Nous avons toutes les capacités nécessaires pour créer ces pôles en collaboration avec des partenaires étrangers et locaux, pour peu que la volonté politique existe », a-t-elle affirmé. L'entrepreneur ne doit pas attendre trois ans, selon elle, pour bénéficier du foncier, et l'administration doit prendre en compte qu'il s'agit d'un investisseur en lui facilitant la réalisation de son projet. D'autant qu'« aujourd'hui, on a du mal à attirer les investisseurs étrangers et à développer les richesses par la modernisation, le transfert des technologies et l'augmentation du niveau de vie des Algériens », a-t-elle rappelé.