Spécialiste en la matière (expert-comptable) et membre de la commission juridique de la toute puissante Fédération internationale de football (Fifa), Mohamed Mecherara n'est pas optimiste quant aux chances d'aboutissement du projet de plafonnement des salaires des footballeurs professionnels. La nouvelle tentative de la fédération de pousser les clubs à une gestion plus rigoureuse de leurs ressources financières ne pourra jamais provoquer les résultats souhaités. « Le projet devrait échouer », tranche Mohamed Mecherara, joint par nos soins au téléphone. Pis, il craint des retombées négatives d'un plafonnement des salaires si jamais la FAF impose aux clubs son application. « Il est vraiment difficile de contrôler les clubs dans l'application d'une telle mesure. La fiche de paie ne peut jamais servir d'un point de contrôle », s'inquiète l'ancien président de la défunte Ligue nationale de football (LNF). Afin d'étayer davantage ses propos, Mohamed Mecherara explique : « Supposons que la valeur marchande d'un joueur soit estimée à quelque trois milliards de centimes. Selon la nouvelle mesure de plafonner les salaires à 100 millions, le joueur ne pourra pas toucher plus d'un milliard. Comment alors le convaincre de signer ? La seule solution qui reste est de lui donner les deux milliards restants sous la table. Soit un retour à l'ancien système des primes de signature ». Notre interlocuteur va plus loin avertissant d'une importante déperdition fiscale. La trésorerie publique ne pourra en bénéficier dans la mesure où le gros du salaire est donné sous forme de chkara. Un véritable marché parallèle nuisible dont les répercussions seront graves pour le professionnalisme en Algérie. Le dirigeant en question a même remis en cause la manière avec laquelle la fédération tente de relancer le projet sans pour autant inclure toutes les parties concernées. D'après lui, les autorités publiques doivent absolument être incluses dans la gestion de ce sensible et épineux dossier, devenu un lourd fardeau sur les épaules des responsables chargés de professionnaliser le ballon rond local. « Je crois que les choses se sont faites dans la précipitation, les structures responsables de la discipline étant soucieuses de mettre un terme à la dangereuse dégringolade financière des clubs. La FAF et les clubs ne peuvent pas régler le problème sur un simple compromis verbal. Le bon sens veut que les autorités publiques soient la partie importante de l'équation. Toutes les parties concernées doivent y être associées pour trouver les solutions nécessaires », suggère Mecherara.