Les services de sécurité chargés de lutte contre l'insécurité routière ont déployé beaucoup de moyens humains et matériels afin de diminuer les chiffres alarmants des victimes. Les camions de gros tonnage et les bus de transport en commun sont à l'origine de la majorité de ces drames. Les mesures prises jusque-là ont montré leurs limites notamment les campagnes de sensibilisation. En ce sens, le sous-directeur des statistiques et de l'information auprès à la Direction générale de la Protection civile (DGPC), le colonel Farouk Achour, a plaidé pour l'activation du permis de conduire professionnel qui permet au chauffeur de transport de marchandises, de voyageurs, de produits dangereux, de bénéficier d'une formation de qualité. « Il est important que les conducteurs de véhicules de transport en commun aient des connaissances techniques, car ils ont une grande responsabilité », note-t-il, précisant que « les chauffeurs notamment des bus de transport de voyageurs ou de camions ignorent que le système de freinage est lié à la charge et au poids », souligne-t-il. L'officier supérieur de la Protection civile a également mis l'accent sur la nécessité d'aménager des aires de repos pour les routiers notamment dans le Sud, car « les réflexes des conducteurs diminuent en cas de fatigue », rappelle-t-il. Mais il n'y a pas que le facteur humain. Exemple : l'état déplorable de la RN-1 reliant Alger à In Guezzam (Tamanrasset). Un point noir de la circulation routière, notamment dans la partie sud, aggravé par l'absence, selon le colonel Achour, d'un réseau téléphonique, ce qui retarde l'interventions des secours sur cet axe routier considéré comme un trait d'union entre le Nord et le Sud du pays, qui enregistre une activité routière très importante. Il a toutefois insisté sur la révision de la procédure de contrôle technique « qui doit être plus rigoureuse ». A la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), on n'en pense pas moins. L'institution a d'ailleurs salué la décision du gouvernement relative à l'installation d'une délégation nationale pour la sécurité routière et la révision des dispositions. La DGSN plaide pour la révision du code de la route. « Nous réclamons la mise en place d'une structure nationale chargée de la sécurité routière sous ses aspects législatif et communicationnel. Cette structure sera centrée sur l'étude des accidents mortels et les mécanismes permettant de les endiguer », a précisé le sous-directeur de la prévention routière, le commissaire divisionnaire Ahmed Naït, qui regrette que les actions soient menées individuellement par les différents services de sécurité. « Il y a nécessité de mettre en œuvre un plan d'action et une stratégie globale pour parer efficacement à ce phénomène qui ne cesse de prendre de l'ampleur. La structure doit aussi coordonner les actions des différents services de sécurité sur le terrain », a-t-il soutenu. L'officier supérieur de la police a relevé aussi des insuffisances la qualité de la formation dispensée dans les auto-écoles. « Ces aspects doivent être rapidement pris en charge, notamment les conditions d'obtention du permis de conduire », a-t-il insisté. La police a renforcé son dispositif par la création d'une brigade de la sécurité routière (BSR) et la mobilisation de véhicules banalisés pour traquer les contrevenants, mais ces efforts restent insuffisants, selon les statistiques. En outre, selon les rapports des services de sécurité, l'état des routes est également un facteur accidentogène. Face à l'hécatombe, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités, Nourredine Bedoui, a annoncé la semaine dernière, à Tamanrasset, la mise en place d'une délégation nationale de sécurité routière d'ici la fin du premier semestre de l'année en cours. De son côté, le ministre de la Communication, Hamid Grine, a lancé une vaste campagne de sensibilisation contre la violence routière, à travers les radios régionales des 48 wilayas.