Le « super mardi » qui mobilise 12 Etats a livré ses secrets. Dans cette étape décisive qui mobilise 12 Etats et pratiquement le quart des délégués (1.017 membres), une voie royale semble se dégager pour les favoris en puissance de l'investiture tenus de réussir le prérequis (1.247 sur 2.472 délégués pour le candidat républicain et 2.382 sur 4.763 pour le représentant démocrate). Dans le camp démocrate, la montée en puissance de Hillary Clinton qui a fait main basse sur les sept Etats (Alabama, Arkansas, Géorgie, Massachusetts, Tennessee, Texas et Virginie) a affaibli le rêve de son rival Bernie Sanders remportant les 4 autres (Colorado, Minnesota, Oklahoma et Vermont) et proprement « tué » au Caucus précédent de la Caroline du Sud plébiscitant, à 86% de voix, l'ancienne première dame des Etats-Unis. Elle dispose également d'une arme secrète fatale : le soutien majoritaire des 15% des délégués à la convention de Philadelphie, ceux-là qui ne sont liés par aucune primaire. Dans la grande famille républicaine, plus que jamais divisée, l'effet Trump, trônant sur les 7 Etats (Alabama, Arkansas, Géorgie, Massachusetts, Tennessee, Vermont et Virginie) grossit démesurément. Ses rivaux, Ted Cruz (Oklahoma et Texas) et Marco Rubio (Minnesota) sont distancés dans le long marathon qui a assurément atteint sa vitesse de croisière. A mi-parcours, le duel à distance des favoris se précise. Entre Hillary, victorieuse des 11 primaires sur 16, et Trump, balayant tout sur son passage (10 sur 14 primaires remportées), la course à la Maison Blanche, laissant en rade les candidats malheureux démocrates (l'ancien maire de Baltimore, Martin O'Malley) et massivement les postulants républicains (Chris Christie rallié à Trump, Jeb Bush, la femme d'affaires Carly Fiorina, l'ex-gouverneur de Virginie, Jim Gilmore, le challenger de Mitt Romney, Rick Santorum, le prédicateur du Sud Huckabee), est grande ouverte. La démonstration de force du « super mardi » a orchestré, de l'avis des observateurs, un face-à-face attendu. « Nous devons faire de l'Amérique un pays qui marche pour tous », a lancé Clinton clouant au pilori son rival républicain Trump accusé de verser dans une rhétorique « jamais tombée aussi bas ». Au creux de la vague, le Grand Old Party (GOP) vit une guerre civile, opposant l'establishment convaincu d'une victoire inéluctable de Clinton dans le cas d'une investiture de Trump connu pour son sens de l'opportunisme, passant sans état d'âme du camp démocrate à celui des républicains en fonction de ses intérêts, professant l'islamophobie et la haine communautaire et affichant un compagnonnage douteux avec l'ancien chef de file du mouvement raciste Ku Klux Klan. La fracture républicaine peut peser un soir du 4 novembre 2016. « C'est un rêve pour le parti démocrate d'avoir le parti républicain dans cet état-là », a relevé son rival Marco Rubio qui s'est insurgé contre Donald Trump loin de représenter « le candidat du parti de Lincoln et de Reagan ». L'ennemi juré de l'establishment républicain n'entend pas lâcher prise. Dans son discours de victoire du « super mardi », il a promis de remettre de l'ordre dans le GOP. « Nous allons rassembler le parti et nous allons agrandir le parti », a-t-il déclaré.