Si ce n'est pas le vendredi 13, celui vécu hier, dans le monde arabe, était tout presque. Après la Tunisie et l'Egypte, c'est au tour de la Jordanie et le Yémen de renouer avec la protesta populaire, plus que jamais stimulée, par le «miracle» de la révolution tunisienne, et la ténacité des Egyptiens. Et dont l'unique but, au-delà des revendications socioéconomiques portées à bouts de bras, est d'en finir avec leurs régimes despotiques. Dans la capitale jordanienne, Amman, plus de 3.000 personnes ont manifesté, hier, après la prière du vendredi pour protester contre la vie chère et la politique économique du gouvernement. Les manifestants, brandissant des drapeaux jordaniens et de leurs partis, scandaient des slogans hostiles au gouvernement de Samir Rifaï. «Nous voulons un gouvernement de salut national», «Pas d'alternative aux réformes politiques», «Ensemble pour des réformes politiques et économiques» scandaient-t-ils à l'unisson. Des partis politiques de gauche, des syndicats professionnels, mais aussi et surtout le tout puissant Front de l'Action islamique, ont massivement participé au défilé, encadrés par un important dispositif policier. D'autres manifestations ont eu lieu également à Irbid (nord), Karak, Ma'an et Diban (sud). Au Yémen, la colère populaire n'a pas été de moindre intensité. Fragilisé par Al Qaïda dont son pays est l'un des fiefs, mais surtout par l'ingérence américaine, le président Ali Abdallah Salah, qui aspire à une présidence à vie, fait lui aussi l'objet d'un rejet populaire parfois violemment exprimé. Comme celui de jeudi dernier. Des milliers de Yéménites ont envahi la capitale Sanaa pour réclamer le départ de celui qui est au pouvoir depuis 32 ans. «Non au renouvellement du mandat, non à la transmission héréditaire du pouvoir», «L'heure du changement a sonné», répétaient les manifestants yéménites qui s'étaient rassemblés pendant deux heures à l'appel d'une coalition de partis de l'opposition parlementaire.