La Banque d'Algérie n'est pas restée de marbre face à la crise économique et financière engendrée par la chute des prix du pétrole. Elle a agi au moment « opportun » en établissant une politique prudentielle depuis 2014 et qui s'avère extrêmement utile aujourd'hui en 2016, année où les banques commencent réellement à recevoir leur « part » du choc externe, a affirmé, hier, le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, dans sa réponse aux députés à l'occasion de la présentation du rapport sur les évolutions économiques et monétaires du pays. Après avoir rassuré les parlementaires sur la possibilité d'exposer d'autres données économiques et financières en toute « transparence » si cela s'avère nécessaire, Laksaci a tenu à préciser que certaines interventions des députés ne relèvent pas des prérogatives de la Banque d'Algérie. L'économie nationale subit les retombées du choc externe depuis 2014. Quelles sont les dispositions prises pour parer à cette situation ? Laksaci a fait savoir qu'en dépit des « coussins de sécurité » établis de 2000 à 2013, l'Algérie a pris les devants en prenant des décisions qui se sont traduites par l'instauration de contrats d'importation effectifs depuis janvier dernier. En parallèle, la Banque d'Algérie a pris des mesures de renforcement de l'évaluation de la santé financière de l'opérateur. Elle a également accentué le contrôle sur les transactions externes au niveau des agences monétaires comme elle a effectué un audit au niveau de toutes les banques en application de la mesure prudentielle en vigueur depuis 2014. Les résultats de cet audit finalisé en octobre 2015 ont permis d'opérer « des stress test » au niveau des banques. Cette opération se poursuivra jusqu'à fin mars, indique Laksaci qui a expliqué que cette démarche vise à connaître la capacité d'absorption des séquelles engendrées par la crise marquée par une contraction des ressources monétaires. Les « menaces » pesant sur la stabilité du secteur financier constituent un élément important à prendre en compte afin d'assurer un financement à l'investissement productif. Pour ce faire, la Banque d'Algérie s'est dotée d'une nouvelle centrale des risques depuis septembre 2015. Celle-ci intègre également les données concernant les crédits à la consommation. Donc, c'est un instrument nouveau qui est extrêmement important qui va aider à la gestion des risques. « Vu l'importance des dépôts des ménages au niveau des banques, nous pensons que le crédit à la consommation va développer l'inclusion financière notamment en termes d'accès aux services financiers de base au niveau des banques », affirme Laksasi. Par ailleurs, en vue de contenir la contraction de la liquidité enregistrée en 2016, la Banque d'Algérie a préparé un nouveau dispositif pour le refinancement des banques. Le but étant d'accompagner l'acte de crédit accordé au niveau des banques. Depuis fin 2001, aucune banque n'a recouru à la Banque d'Algérie pour des financements, rappelle-t-il, en faisant savoir qu'à partir d'avril prochain, la Banque centrale « va reprendre les opérations de refinancement des banques et donc injecter de la liquidité dans l'économie qui devrait aller au financement de « la maison collective » et à la PME ». « N'attendez pas de la Banque d'Algérie de changer les lois économiques » Mais, il ne faudrait pas « que ce refinancement se solde par une contraction des devises ou un affaiblissement de la balance des paiements ». La Banque d'Algérie, poursuit Laksaci, va prendre également d'autres mesures cette année pour développer le marché des changes et amener les banques à assurer la couverture des risques de change pour les opérateurs qui le souhaitent. « Nous pensons que, vu l'importance de la monnaie fiduciaire, il y a une possibilité que les banques doivent utiliser pour développer davantage les parts financières internes. Nous visons un ratio de crédit à l'investissement des PME par rapport au PIB hors hydrocarbures pour accompagner au mieux l'activité économique », préconise-t-il. Abordant la question de la dépréciation du dinar, le gouverneur de la Banque d'Algérie a tenu à rassurer que le taux de change concerne toute l'économie ouverte et l'Algérie n'a pas « une économie fermée ». « N'attendez pas de la Banque d'Algérie de changer les lois économiques. Le marché est conditionné par l'offre et la demande », dira-t-il, en expliquant que le dinar a connu une dépréciation de l'ordre de 19,6% par rapport au dollar et ce, de septembre 2014 à septembre 2015 et un taux de 2,2% comparé à l'euro pour la même période. « Cette dépréciation du coût de change observée aujourd'hui n'est pas le propre de l'Algérie », souligne-t-il. Concernant l'ouverture de filiales bancaires à l'étranger, Laksaci a affirmé que la Banque centrale n'a reçu aucune demande en ce sens. Elle est en train d'étudier, par contre, des demandes d'ouverture de banques conformes à la charia. Au sujet du contrôle des banques, 32 opérations de contrôle ont été effectuées. 66 infractions relevées ont concerné quatre banques. Concernant les transferts à l'étranger, 120 PV d'infraction au change ont été recensés.