D'emblée, le décor est planté. Un théâtre dans un théâtre. Les événements de la pièce « Chute libre » se déroulent dans une cave d'un hôpital psychiatrique. Sept malades tentent de jouer un spectacle de théâtre, où chacun tente de sublimer la beauté à sa manière, dans un monde fait de diktats. Cette création d'une heure qui s'inscrit dans la tragi-comique se scinde en sept tableaux. Les comédiens, dont Réda Takhrist (aviateur), Chafik Tichoudad (clown), Anissa Kahlouchi (épouse du clown et Cléopâtre), Boukrouz Choukri (Marc Antoine), évoluent sur une scène composée d'une chaise, une table, une porte mobile et changeante. L'histoire est celle de personnages glorifiant la beauté, l'amour. « Il est important de glorifier et valoriser la beauté dans toute sa splendeur malgré les circonstances », souligne Raïs Djilali, assistant du metteur en scène. Ce spectacle n'avait pas à vrai dire sa place, les comédiens étant des professionnels. Il était aisé de constater la performance et la maîtrise parfaite du discours théâtral, celle de la mimique et de l'interprétation des personnages. « Mahfoud Touahri » a été créée en octobre 1990. Elle est constituée d'intellectuels et compte plusieurs jeunes, dont Samir Boumaâd (le président), Réda Takhrist et Anissa Kahlouchi. Elle a déjà produit plus d'une trentaine dont des adaptations comme « Le Roi se meurt », « Le bourgeois gentilhomme », « Antigone ». La troupe, qui vient de prendre part à un festival de Nabeul, en Tunisie, donne, aujourd'hui, un spectacle à Meliana en guise d'hommage à l'homme dont elle porte le nom. Elle se produira ensuite à Bordj Bou-Arréridj, Sidi Bel-Abbès et Mostaganem.
Théâtre « naïf » Dans la seconde représentation, le public composée en majorité d'enfants accompagnés de leurs parents, a suivi avec intérêt la générale de « Turet iwumi zzin yimcac », (Héritage, objet des convoitises), de Hadj Mohand Azzedine, de la troupe « Azar N'bouaidel » ( Tizi Ouzou). Ecrite par Mohand Moucer et jouée en tamazight, elle se veut une création, inspirée des dictons populaires du patrimoine berbère. Karim Djouadi (Si Belkacem Chikh), Youba Mouaci (fils de Adidi, Mouhouche), Hanine Belkessam (beau-fils de Adidi, Kaci), Bilal Seddi (fils à Adidi, Dahmoune), Sylia Naït Saâdi ( fille de Cheikh, campe 2 personnages Chabha et Fatma) notamment se donnent la réplique. La pièce en deux tableaux met en lumière plusieurs sujets à la fois ; le phénomène de l'héritage dans les familles algériennes, dans un style burlesque, la tradition de la cueillette des olives et enfin la cérémonie d'un mariage. Cette œuvre a été ponctuée par un passage chorégraphique de 3 minutes, sur la « Tiwiza » ; la cueillette des olives, sur un fond musical typiquement berbère inspiré du groupe « Djurdjura », qui évoque la femme, la liberté. S'il est nécessaire de saluer cette production, il faut noter que la pièce s'inscrit dans le registre d'un théâtre d'école. Un théâtre « naïf » beaucoup plus ludique et instructif que créatif. Le metteur en scène n'a pas su faire de transitions entre les différents tableaux présentés. Des actes froids dénués d'âmes artistiques s'enchâssent, malgré l'étonnante volonté des comédiens qui voulaient séduire. Ils ont apporté de la joie, du rêve et de l'évasion. Mention spéciale à la jeune comédienne Souad Madi, vêtue d'une tenue rouge qui a su transmettre les émotions liées à son rôle. Hadj Mohand Azzedine est un professionnel qui a déjà produit six œuvres, et campé des rôles dans des pièces comme « La terre et le sang », « Djedi »... Il sera distribué dans « Azizen », qui concourra aux festivals internationaux de Rome et de Bucarest. Il compte participer à un festival de l'été, fin septembre au Brésil. Il est distribué dans un monodrame « Fausse pointure », d'Akbaoui Cheikh qui sera entamé le 25 avril prochain. Quant à « Turet iwumi zzin yimcac », elle sera jouée durant le mois d'avril à Tizi Ouzou et à Batna, dans le cadre de la célébration du printemps berbère.