L'Irak a franchi une nouvelle étape. Il s'agit de la présentation au Parlement, par le Premier ministre, Haïdar al-Abadi, de la liste du nouveau gouvernement, dans une conjoncture jugée particulière au vu des pressions faites de toutes parts pour engager des réformes politiques. Une liste de quatorze noms retenus pour le nouveau gouvernement a été remise par le Premier ministre au président du Parlement. Les ministres de la Défense et de l'Intérieur pour des raisons de sécurité n'y figurent pas. Le Premier ministre a réduit la formation de son cabinet à 16 membres (22 auparavant). La composante du gouvernement d'al-Abadi est revue à la baisse répondant en quelque sorte aux appels incessants de l'opposition conduite par l'influent chef chiite Moqtada al-Sadr, qui a insisté sur des réformes politiques et un renforcement de la lutte contre la corruption. Un phénomène qui prend, selon l'opposition, des allures inquiétantes. C'est ce qui explique, selon les responsables irakiens, l'engagement du Premier ministre de former un gouvernement de technocrates pour pouvoir mettre à exécution les réformes anticorruption élaborées suite à la grogne et manifestations populaires. Est-ce le prélude au règlement de la crise politique irakienne ? Certainement pas. Pour les observateurs, rien n'est acquis. Le Premier ministre a un rude parcours à faire pour pouvoir tenir tête non seulement à l'opposition mais également aux autres formations politiques. Il devrait également répondre à la contestation populaire, conduite par Moqtada al-Sadr qui a réussi à mobiliser les Irakiens depuis le 18 mars dernier, lors d'un sit-in devant la Zone verte à Baghdad où se concentrent les hautes institutions du pays et de nombreuse ambassades. Et ce, jusqu'à la présentation, jeudi dernier, de la nouvelle composante du gouvernement. Ils ont appelé à la formation d'un nouveau gouvernement en mesure de lutter contre la corruption qui gangrène toutes les institutions de l'Etat. L'opposition a d'ailleurs mis en garde toutes les parties qui s'aventureraient à empêcher la désignation d'un nouveau staff, brandissant la menace de faire monter la tension au sein de la population. Cette intransigeance explique la décision prise, dans la précipitation, par le Premier ministre pour la formation d'un nouveau gouvernement. Une décision judicieuse étant donné les dangers qui guettent l'Irak, notamment sur le plan sécuritaire.