Photo : Mahdi I. Les pouvoirs publics sont restés inflexibles. L'interdiction signifiée par un communiqué adressé hier aux organes de presse par la wilaya d'Alger n'a pas vraiment surpris. Il est venu confirmer la volonté, réitéréé récemment par le Président de la République et le ministre de l'Intérieur de ne pas permettre de marches dans la capitale. Il s'agit selon les services de la wilaya d'Alger de «l'application de textes réglementaires» qui remontent aux lendemains de la marche des archs du 14 juin 2001 qui fut emmaillée d'incidents. Toutefois, les services de la wilaya proposent la coupole du 5-Juillet d'une contenance de 10 000 places pour accueillir cette manifestation. Les deux hauts responsables de l'Etat avaient expliqué que l'interdiction des marches à Alger n'était nullement en relation avec une volonté d'entraver l'action et l'expression des partis ou organisations sociales. Cette interdiction trouverait sa source dans les appréhensions que suscitent tout rassemblement et les risques de dérapage dans une ville aussi peuplée. Selon M. Daho Ould-Kablia, personne ne peut garantir la sécurité aux marcheurs et les groupes terroristes seraient tentés d'exploiter l'occasion pour commettre des attentats kamikazes ou déposer des bombes. Les initiateurs de cette marche regroupés depuis le 21 janvier dans une «coordination pour la démocratie et le changement» ne l'entendent pas de cette oreille. Ils veulent passer outre la décision de la wilaya. Ils se disent non convaincus par ces arguments qui, selon eux, trahissent une volonté d'empêcher les Algériens de s'exprimer. «L'Etat d'urgence sur lequel s'appuie cette décision est lui-même illégal», explique l'avocat Hocine Zahouane. Toutefois, il ne se mêlera pas aux marcheurs. Beaucoup de partis à l'instar du FFS, du PT et du PST se sont également démarqués de la marche rejoints par des associations comme le RAJ. Certes, ils ne furent pas sollicités comme le PT ou le FNA. Ils reprochent aux organisateurs le non-engagement sur les questions sociales. Ce sont à nouveau les divergences qui ont toujours déchiré la famille des «démocrates» qui refont surface. Dès le début, les organisateurs avaient prévu cette interdiction des pouvoirs publics. La Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD), regroupant opposition et société civile a maintenu sa marche du 12 février à Alger après une réunion tenue samedi. «Elle aura lieu comme prévu le samedi 12 février », nous a déclaré hier M. Malaoui, le responsable du SNAPAP. Avec le RCD et la LAADDH dirigée par l'avocat Mustapha, ce syndicat autonome rejoint par le Satef, le CLA et d'autres collectifs, est l'un des principaux organisateurs de cette manifestation. Toutefois, par rapport au ton qui avait caractérisé la marche du RCD, le climat s'est depuis détendu avec l'annonce de la levée de l'état d'urgence, une des revendications des organisateurs de la marche.