Le ministre de la Communication Hamid Grine a annoncé mercredi à Alger que le projet de loi relatif à la publicité sera prêt début janvier. Invité de l'émission "Hiwar Essaa" de la télévision nationale, M. Grine a souligné qu'il était urgent de codifier l'activité publicitaire devenue anarchique et n'obéissant à aucune règle professionnelle ou rationnelle. De nos jours, a-t-il dit, celui qui a un registre de commerce, peut ouvrir une agence de publicité même s'il n'a aucune relation avec cette activité. M. Grine a indiqué que son objectif principal était de promouvoir la création mais purement algérienne. Répondant aux attaques de certains journaux de la presse privée qui l'accusent d'utiliser la publicité pour restreindre leur liberté de presse, le ministre a souligné que le rôle de son département était de contrôler alors que la question de la répartition de la publicité relève des prérogatives de l'Agence nationale d'édition et de publicité (ANEP) qui reste une entreprise publique indépendante. Il a ajouté que la mission de l'ANEP se limitait à organiser la distribution de la publicité, précisant que l'auteur de l'annonce restait le premier concerné par la question et qu'il rédigeait lui même son message publicitaire. "En tant que ministre, j'applique une politique claire fondée sur l'éthique professionnelle", dira franchement le ministre qui précise qu'il "est impossible que l'Anep qui fonctionne avec l'argent de l'Etat se mette à aider des journaux qui versent dans la diffamation et l'injure". "Le critère moral passe avant le critère commercial", a-t-il soutenu. Il s'est en outre adressé aux directeurs de journaux les incitant à trouver d'autres sources de financement de leurs titres au lieu de compter sur les rentrées publicitaires tout en leur reprochant d'exploiter l'argent récolté pour "s'enrichir alors que leurs journalistes perçoivent des salaires dérisoires". M. Grine a évoqué par ailleurs les dettes des journaux privés auprès des imprimeries publiques, estimées à 400 milliards de centimes dont 60 milliards seulement ont été remboursés. "Pourquoi incriminer le ministère pour la suspension des journaux endettés "alors que les responsables de journaux qui ont leur propres imprimeries refusent de les imprimer ne serait-ce que par solidarité entre les gens d'une même profession", s'est-il interrogé. Le ministre a évoqué aussi le problème de distribution des journaux dans les régions éloignées, un problème qui, selon lui, sera réglé avec la création d'une société de distribution qui couvrira même les zones frontalières. Il a en outre mis l'accent sur la nécessité de consacrer le professionnalisme dans le domaine de l'Information. Le premier responsable du secteur de la Communication considère qu'un journaliste professionnel doit s'assurer de la crédibilité de la source de son information et assumer la responsabilité de ce qu'il publie comme informations en veillant à ne pas tomber dans la diffamation et l'injure. Il a estimé que bien qu'une grande partie de la presse nationale soit "relativement" professionnelle, il existe néanmoins une autre partie dont le principal objectif est de réaliser le scoop au détriment même de l'éthique professionnelle, un fait que M. Grine a imputé à des facteurs historiques en rapport avec la décennie noire. "L'opinion publique à l'époque focalisait sur le sensationnel ce qui a habitué le lecteur ou le téléspectateur à ce moyen de traitement de l'information et poussé de nombreux titres à travailler dans ce style pour réaliser de grosses ventes. "La bonne information ne garantit pas forcément un plus grand nombre de lecteurs", a-t-il soutenu. Le ministre a reconnu les difficultés que rencontrent le journaliste pour accéder à la source de l'information. Les responsables de l'information dans différentes institutions ne maitrisent pas les règles de communication. Ce sont des journalistes et non des spécialistes en Communication institutionnelle, a-t-il expliqué. Mais cet état de fait n'exempt, pas selon lui, les journalistes d'une part de la responsabilité. Dans leur quête du scoop ou en raison du bouclage des journaux, ils s'empressent souvent de diffuser l'information sans en vérifier la véracité.