« Malgré les avancées enregistrées dans la transplantation d'organes, l'activité de la greffe est en deçà des besoins au regard du nombre d'insuffisants rénaux et d'insuffisants hépatiques, pour ne parler que de ces deux pathologies », a indiqué le ministre. Selon lui, les 230 greffes rénales réalisées annuellement restent insuffisantes. « C'est peu quand on sait que les demandes éligibles potentielles sont de plusieurs milliers », a-t-il précisé. Au vu de la timidité de l'activité sur des corps vivants, la seule alternative garantissant la réussite de la greffe réside dans la transplantation sur des cadavres. « Cette situation montre les limites de la greffe à partir de donneurs vivants et indique que la seule alternative est dans la mise en place d'un cadre organisationnel adéquat assurant le développement de la greffe d'organes », a-t-il expliqué, lors de son allocution à l'ouverture du séminaire sur la greffe, organisé à Alger. Selon lui, sur 23.000 patients dialysés ou en pré-dialyse, un tiers est éligible à la greffe. Un modèle algérien L'Algérie veut avoir son propre modèle et son approche en matière de transplantation et de greffe d'organes sur mort encéphalique. C'est l'objectif recherché à travers la tenue, hier, du séminaire international intitulé « coordination hospitalière pour le prélèvement multiorganes », organisé par le ministère de la de la Santé. La rencontre a vu la présence des représentants de l'agence de biomédecine (France), des agences nationales de greffe de Tunisie et du Maroc et des médecins algériens. « Ce séminaire va nous permettre de profiter des expériences des pays comme la Tunisie, le Maroc et la France. Ces pays nous assistent et nous accompagnent dans la mise en place de notre politique dont le but est d'avoir notre propre système de transplantation et d'utilisation des différents organes de mort encéphalique. Une approche qui répond à la législation, à la mentalité et à l'environnement de notre pays », a expliqué Abdelmalek Boudiaf en marge de la rencontre. Après la création de l'agence nationale de la greffe, de la banque des organes, la formation du personnel et le déploiement des moyens matériels, les efforts vont s'orienter vers l'élaboration d'un fichier national des receveurs. « Nous n'avons pas de problème de formation et de structures. Nous avons des statistiques sur les besoins exprimés mais ils sont dispersés. Nous avons besoin de mettre en place une coordination pour réunir toutes les données », a ajouté Boudiaf. La réussite de la politique de l'Etat en matière de greffe est tributaire de la mise en place d'une coordination hospitalière. « Elle est indispensable pour la réussite de ce plan », a-t-il affirmé. « Elle permet à tous les intervenants de maîtriser les codes et protocoles en la matière. Il est ainsi recherché une fonctionnalité de l'ensemble des services et centres hospitaliers et de leurs personnels. On doit avoir toutes les données sur les médecins, les spécialistes, le receveur pour se préparer à ces opérations », a indiqué le ministre. En précisant que l'aspect religieux « est réglé » après que « les oulémas aient toléré et admis la greffe d'organes qui permet de sauver des vies humaines », et la prédisposition et la générosité de la société, le ministre a insisté sur le rôle des médias. Il a annoncé le lancement d'une campagne d'information et de sensibilisation « pour mieux expliquer le travail mené et son intérêt ». Boudiaf a estimé que les résultats obtenus l'année passée en matière de greffe rénale, du foie, de la cornée, de la moelle sont encourageants. Le fait le plus marquant est la réalisation, en 2015, de trois interventions de greffe du foie, une effectuée au début de l'année en cours et la cinquième est en cours de préparation.