Les échéances d'éclosion du marché de la voiture autonome ne sont pas lointaines si l'on en juge par le frémissement qui gagne l'ensemble des acteurs intéressés par ce segment technologique. Estimé à près de 500 milliards de dollars à l'horizon 2035 par AT Kearney, un cabinet spécialisé américain, ce marché attire beaucoup de monde. D'après ce cabinet, cité par le site du quotidien économique français latribune.fr, « les technologies de véhicules sans chauffeur, sur lesquelles travaillent la plupart des grands groupes automobiles, vont s'imposer par étapes dans les 20 prochaines années et atteindre 17% de la valeur du marché automobile mondial à cet horizon ».L'étude en question soulève néanmoins un enjeu de taille pour ce marché qui verra les constructeurs automobiles contraints de composer avec de nouveaux acteurs, voire même d'être relégués à des rôles d'accessoiristes ; « les constructeurs automobiles ne capteront qu'une partie seulement de ce marché. La moitié de ce marché représentera les ventes de voitures autonomes, tandis que l'autre moitié sera essentiellement constituée des services et systèmes associés », lit-on sur ce même site. Parmi les explications trouvées à cet engouement des nouveaux entrants, le site latribune.fr avance celle-ci : « Ces véhicules bardés de capteurs vont donner du temps libre aux occupants devenus tous passagers. Ce temps libre est convoité, selon AT Kearney, par les « nouveaux entrants » venus du monde de la haute technologie (Google, Apple, Microsoft...) via des services connectés. » Pour les experts de cabinet, cités par ce site, « dans une industrie à faible marge comme l'automobile, les constructeurs et équipementiers courent le risque de laisser les revenus à haute valeur ajoutée aux nouveaux entrants s'ils ne sont pas vigilants ». Dès lors les jeux sont déjà ouverts et les acteurs entrants, principalement les géants de l'internet, commencent déjà à pousser des coudes.Aux Etats-Unis, ce sont eux qui montent au créneau pour faire du lobbying auprès des autorités fédérales pour amender le cadre légal du code de la route, « Google, Uber, Lyft, Ford et Volvo roulent ensemble », note le site latribune.fr qui annonce cette campagne de lobbying entamée la semaine passée avec comme objectif de faire « valoir que les voitures sans chauffeur amélioreront notamment la mobilité des personnes âgées et handicapées, et qu'elles réduiront le nombre d'accidents et les embouteillages ». Les auteurs de l'initiative mettent à profit un nouveau contexte tracé par la volonté affichée par la président Obama « d'accélérer leur arrivée sur les routes américaines avec un plan d'investissement de près de quatre milliards de dollars sur dix ans et la promesse de lignes directrices pour tenter d'harmoniser les règles applicables à ces véhicules », selon latribune.fr qui rappelle que pour l'heure le code de conduite est décidé au niveau de chaque Etat, et qu'à ce titre la Californie a annoncé il y a quelque temps son intention de tracer un nouveau cadre jugé par les défenseurs de la voiture autonome comme un frein, estimant qu'il « empêchait en particulier qu'elles soient vraiment « sans chauffeur », en imposant qu'une personne puisse en permanence reprendre le volant. » Erigé au sein d'une association dénommée « Coalition de conduite autonome pour des rues plus sûres » (Self-Driving Coalition for Safer Street), les cinq sociétés entendent « travailler avec les législateurs, les régulateurs et le public afin de profiter des avantages en termes de sécurité et pour la société des véhicules autonomes », rapporte latribune.fr d'après un communiqué rendu public. Le lobbying semble avoir été pratiqué même dans l'enceinte de l'ONU qui a fini par lever les obstacles réglementaires à l'avènement de la voiture autonome. Bridés jusque-là par la convention de Vienne sur la signalisation routière de 1968, les constructeurs automobiles et autres acteurs entrants sur ce marché ont bon espoir de voir acceptée la voiture autonome sur les routes de tous les pays. « Un nouvel obstacle réglementaire à la voiture autonome vient de sauter ! La commission économique des Nations unies pour l'Europe a adopté, le 23 mars dernier, une modification de la Convention de Vienne. Ce texte harmonise les règles de circulation routière depuis 1968 », rapporte latribune.fr qui voit que dorénavant, « les voitures qui disposent de systèmes « de conduite automatisée » seront autorisées sur les routes à condition qu'ils « puissent être contrôlés, voire désactivés par le conducteur ». Le nouveau texte exige également que ces systèmes fonctionnent « sous le contrôle permanent du conducteur ».La Convention de Vienne était considérée comme obstacle dans la mesure où elle impose une règle disant que « tout conducteur doit constamment avoir le contrôle de son véhicule », obligeant ainsi le conducteur à ne pas quitter la voiture. La décision de l'ONU a également permis de faire sauter un autre verrou, celui de l'article 79 de la Convention de Vienne « qui limite à 10 km/h les systèmes de délégation à la conduite », souligne le site du quotidien économique français, ajoutant ainsi que « les constructeurs pourront proposer des solutions qui ne se limiteront pas à la gestion des embouteillages, mais à une conduite automatique sur route, voire autoroute ». Cette victoire ne pourra être savourée qu'après 2017, délai minimal pour l'entrée en vigueur des nouvelles dispositions onusiennes. Les constructeurs automobiles sont également de la partie avec une bataille en termes d'innovation en matière d'assistance à la conduite. Au salon de l'automobile de Genève de 2015, le correspondant du quotidien économique français lesechos.fr, constatait en effet que « Apple et Google sont sur toutes les lèvres. En attendant le « big bang » annoncé par les deux géants de la Silicon Valley, qui seraient tous deux en train de réfléchir à une voiture autonome, les constructeurs traditionnels automatisent leurs voitures. Assistance au parking, conduite automatique en embouteillage, détecteur de fatigue, reconnaissance des panneaux de signalisation, détection de l'angle mort... » Sur place, des responsables de certains constructeurs ont fait état de cet engouement pour un marché qu'ils ne comptent pas laisser au seul profit des nouveaux venus des contenus internet. « C'est un sujet majeur, d'autant plus avec les rumeurs sur Apple et Google. Il n'est pas question pour nous de devenir un fournisseur de ferraille », a fait savoir Didier Leroy, à cette époque à la tête de Toyota Europe, tandis que le directeur du produit chez Peugeot voyait que le « déploiement concret va démarrer en 2016 » selon le site lesechos.fr qui ajoutait que vers la fin 2015, « 70 % des modèles du constructeur nippon proposeront le pack safety qui concentre ses différentes aides à la conduite ». Le journaliste du quotidien lesechos.fr a constaté sur place une péliade de nouveautés technologiques adoptées par les constructeurs dans cette quête à une assistance de plus en plus poussée à la conduite. « Les technologies passent de plus en plus vite du premium au milieu de gamme. Avant, il fallait sept à dix ans. Maintenant, c'est plutôt entre deux et trois ans », lui explique le responsable commercial de chez le constructeur allemand BMW. Les synergies introduites par les constructeurs dans leurs chaînes en amont sont parmi les principaux facteurs qui ont facilité cette évolution. « Là où nous avions besoin de cinq caméras, nous n'en mettons plus qu'une. Cette mutualisation permet au milieu de gamme de s'approprier ces technologies », confirme ainsi le patron de l'innovation chez le constructeur français PSA. La conclusion du papier du site lesechos.fr est que ces innovations ne constituent qu'une étape qui sera bientôt dépassée pour voir la voiture autonome déboucher sur un autre palier. « Le stade suivant, envisagé pour 2020, permettra à l'automobiliste de faire autre chose au volant. Par exemple, il pourrait lire ses mails dans les embouteillages après avoir basculé sa voiture en conduite automatique, sachant qu'il aura 10 secondes pour reprendre le volant », prévoit le journaliste du site donnant la parole à un cadre de chez BMW qui ouvre le débat sur un autre front : « En cas d'accident, le régulateur est-il prêt à dire que ce n'est pas l'automobiliste qui est en faute ? », s'interroge-t-il, reflétant, comme le note lesechos.fr, « tout l'enjeu des discussions en cours entre l'industrie automobile et les pouvoirs publics en Europe ». En Chine, où les services internet enregistrent une explosion spectaculaire, l'attrait pour la voiture autonome n'est pas des moindres. Aux côtés des constructeurs locaux qui mettent le paquet sur des fonctionnalités d'assistance à la conduite, l'opérateur de services de vidéo à la demande, LeEco, équivalent du Netflix américain, voit grand en matière de voiture du futur. Son fondateur, Jia Yueting, est convaincu que la voiture du futur sera gratuite car elle sera considérée comme un terminal dédié à la fourniture de contenus. « Nous, nous ne faisons pas que construire une voiture. Nous considérons une voiture comme un terminal mobile intelligent monté sur quatre roues, sans grande différence avec un téléphone ou une tablette », indique-t-il à Reuters, repris par le site lesechos.fr dont le journaliste estime qu'à « la manière d'un opérateur de télécoms qui subventionne l'achat des derniers iPhone contre un abonnement récurrent, LeEco imagine un modèle économique où la voiture ne sera qu'un produit d'appel pour vendre du contenu ». Même si cela ressemble plus à de l'imaginaire, il n'empêche que le gouvernement chinois encourage les opérateurs de l'internet à investir ce nouveau créneau de la voiture connectée, autonome. Représentant en Chine de l'équipementier automobile Valeo, Edouard de Pirey avoue sur le site lesechos.fr que « ces gens ont une vue différente de l'automobile. Ils travaillent dans des laps de temps totalement différents. Quelque chose se passe ». C'est que les constructeurs automobiles chinois y vont discrètement mais sûrement vers de nouveaux modèles prometteurs de voitures autonomes. Ainsi, la marque Changan a-t-elle misé sur un modèle fabriqué par ses seules capacités. « Radar sur le toit, caméra incrustée dans le pare-brise, capteurs de position disséminés aux extrémités : la berline a rallié Chongqing à Pékin en cinq jours », indique lesechos.fr qui évoque le cas d'un autre opérateur de l'automobile chinois. « SAIC, autre grand nom de l'auto chinoise, s'est allié, lui, à Alibaba », rapporte-t-il, ajoutant que « Roewe, l'une des marques maison, promet la première voiture « Internet + » de masse pour août, équipée d'un système de navigation très avancé ». Discret sur ses projets mais avec beaucoup d'ambition, le géant chinois du commerce électronique Baidu « a mis sur la table son expertise du Big Data, mais pour les détails, il faut encore attendre le lancement officiel », ajoute le site du quotidien économique français.