L'exposition collective « L'art Yadjouz », programmée du 14 au 27 mai, réunit des œuvres de sept artistes (peintres et photographes) consacrées à la thématique de la lutte contre les discriminations et les violences faites aux femmes. « L'art Yadjouz » regroupe les œuvres de Karim Tidafi, Mouna Bennamani, Houari Bouchenak Khelladi, l'homme Jaune, Maya Ines Touam, Ghalmi Mohamed Amine, et Warda Manseri, qui ont travaillé ensemble en résidence artistique, dans le cadre du projet « le monde selon les femmes » organisé par l'ONG italienne, le Comité international pour le développement des peuples (CISP). « C'est une exposition qui rend hommage aux femmes. Elle regroupe une vingtaine d'artistes qui se sont engagés avec des toiles, des photos ou des vidéos, qui avaient accepté de prendre part au projet et défendre la cause des femmes. Les artistes dont beaucoup sont des femmes, âgés entre 22 et 40 ans, sont venus de plusieurs wilayas, comme Mostaganem, Tipasa, Batna, Alger ou Tlemcen. Ils se sont rencontrés à l'occasion d'une résidence artistique organisée par le CISP, et le premier atelier s'est tenu à Oran, ensuite à Tlemcen. Mais vu le nombre important des œuvres réalisées, 63 en tout, les noms d'artistes changent et le public découvrira à chaque fois de nouvelles toiles et de nouvelles photos. Nous prévoyons de réunir toutes les œuvres à Alger, au Bastion 23, d'ici fin juin, en plein ramadan, si tout va bien », nous dira Meryem Sana Hamadouche, assistante chargée du projet pour le CISP. C'est avec subtilité que les toiles et les photos rendent hommage à la sensualité, à la beauté, à la fragilité, et au combat des femmes. Les portraits de femmes, de leurs visages dissimulés ou blessés, de leurs formes ou déformations, de leur peine, leur vexation ou leur agression. Des œuvres atypiques, voire même provocantes, qui visent avant tout à interpeller le public et susciter des réactions quant aux inégalités sociales, et qui nous rappellent aussi que le corps de la femme n'est pas une marchandise. Karim Tidafi, de Tipasa, nous explique ainsi son « installation », une œuvre d'art très particulière qui mélange la photographie (deux grandes photos d'un homme et une femme), une vidéo et un texte poétique : « j'ai écrit un texte pour remonter aux origines du problème ou du mal, en m'inspirant de l'histoire d'Adam et Lilith. Lilith est la première épouse d'Adam et qui a pratiquement disparu. C'est la femme martyre, durant des siècles, on l'a pestiférée, les juifs la considéraient comme mère obscure et les chrétiens de mangeuse d'enfants. Tandis que, selon la tradition des Sumériens, c'est une femme qui a voulu se rebeller en quittant l'éden. Et moi j'essaye de remettre au goût du jour cette femme qu'on a tenté de faire disparaître. J'ai tenu à participer à la résidence artistique parce que je considère que la femme est l'égale de l'homme. On voit tellement d'horreurs aujourd'hui, que j'ai voulu, à travers cette œuvre, représenter la naissance et demander pardon aux femmes. » Dommage que Karim Tidafi soit le seul artiste présent sur les sept programmés, lors du vernissage, samedi dernier.