Les Etats-Unis ont suspendu la livraison à l'Arabie saoudite d'armes à sous-munitions que la coalition arabe pilotée par Ryad utilise dans le conflit au Yémen contre la rébellion houthie. C'est ce qu'a révélé samedi dernier le magazine spécialisé Foreign Policy. D'après le magazine qui se base sur les propos d'un responsable de l'administration américaine, Washington savait que « la coalition conduite par les Saoudiens avait recours à des armes à sous-munitions dans le conflit armé au Yémen », en particulier dans des zones où résident des civils. Le responsable américain s'est contenté de dire que son pays prenait ces inquiétudes très au sérieux et était à la recherche d'informations supplémentaires. Le magazine spécialisé révèle que, sous la pression d'élus du Congrès et d'organisations de défense des droits de l'homme, la Maison Blanche a pris pour la première fois une mesure concrète sur ce dossier en gelant la livraison de telles bombes à sous-munitions à son allié saoudien. Les Etats-Unis soutiennent la monarchie sunnite dans son intervention militaire depuis mars 2015 au Yémen en lui fournissant notamment un soutien logistique et en équipements de défense. Le regain de violence au Yémen remet en question la stratégie adoptée par la Maison Blanche. La diplomatie américaine a, à plusieurs reprises ces derniers mois, exprimé sa préoccupation devant le nombre de victimes civiles des bombardements de la coalition au Yémen. La semaine dernière, l'organisation Amnesty International avait exigé des pays influents qu'ils « demandent à la coalition de cesser d'utiliser les bombes à sous-munitions, interdites internationalement » depuis un traité de 2008 dont les Etats-Unis ne sont pas signataires. Amnesty estime que des crimes de guerre sont perpétrés au Yémen et l'ONU met régulièrement en garde contre la « catastrophe humanitaire » dans ce pays pauvre de la Péninsule arabique où plus de 6.400 personnes ont été tuées depuis mars 2015. Sur le plan diplomatique, les négociations directes se poursuivent au Koweït entre le gouvernement et les rebelles yéménites sous l'égide de l'ONU dont le secrétaire général Ban Ki-moon cherche à renforcer l'équipe de médiation pour faciliter un accord de paix. Cette nouvelle session offre une opportunité aux parties concernées pour concrétiser l'avancée tant espérée. La semaine dernière, l'émissaire de l'ONU pour le Yémen, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, a fait état d'importants progrès dans les négociations qui ont donné lieu à l'élaboration d'une feuille de route.