Un malheur n'arrive jamais seul. En plus des affres de la crise économique, née de la baisse des prix du pétrole qui apporte 96% des rentrées en devises au pays, les blocages institutionnels prennent un tour plus dangereux. L'opposition majoritaire au Parlement a annoncé deux procédures légales pour tenter d'écourter le mandat du président. Mais la coalition d'opposition de la Table de l'unité démocratique (MUD), qui a remporté les élections législatives de décembre 2015, compte sur la rue pour la soutenir et faire pression. Elle compte en premier lieu organiser un référendum afin de révoquer le président. Conformément à la loi vénézuélienne, un référendum révocatoire peut être convoqué à partir de la moité du mandat du président en exercice. Nicolas Maduro, élu en 2013 pour six ans, sera à mi-mandat le 19 avril prochain. Pour y parvenir, une pétition signée par 20% des électeurs, soit 3,9 millions de personnes, en moins de trois jours, est nécessaire. En parallèle, elle va aussi tenter d'amender la Constitution pour réduire de six à quatre ans le mandat de Nicolas Maduro, qui court jusqu'en 2019, « et réussir à organiser des élections cette année », a déclaré le secrétaire de la MUD, Torrealba, lors d'une conférence de presse. Cette réforme de la Constitution doit être approuvée par les deux tiers des députés, avant d'être validée par un référendum Bras de fer Comme pour prendre les devants, début mars, le TSJ, la plus haute autorité judiciaire du pays, avait limité fortement les pouvoirs du Parlement. Les parlementaires ne peuvent désormais contrôler que l'Exécutif, et ont perdu leur droit de regard sur le pouvoir judiciaire et électoral. Afin de renforcer sa stratégie et contourner cet écueil, l'opposition « a pris la décision unanime de convoquer le peuple du Venezuela à former le mouvement de pression populaire le plus important qui ait jamais existé afin d'activer tous les mécanismes de changement », a ajouté Torrealba. La MUD a appelé à partir de samedi à une « vaste mobilisation populaire et pacifique » afin d'« obtenir la démission » du Président. « Le gouvernement a changé les règles du jeu et a accru le désastre économique. Cela n'est plus supportable, nous sommes des victimes de la pire crise de l'histoire du pays, plus rien ne fonctionne », a déclaré Torrealba. En face, le chef de file des députés chavistes, Hector Rodriguez, a affirmé mardi dernier que le gouvernement ferait face aux « batailles » lancées par une opposition « aveugle », écartant toute démission de Nicolas Maduro. La tension va-t-elle s'exacerber ou retomber dans les prochains jours ?