à 10 jours de l'ouverture de l'Euro, la France, confrontée depuis 4 mois à une crise sociale sans précédent, retient son souffle. Des secteurs stratégiques ont rallié le mouvement de contestation qui s'étend désormais aux cheminots. Dès hier, à 20 heures, la grève illimitée a été ainsi brandie par le CGT, le premier syndicat à la régie parisienne, l'Unsa et SUDRail (3e force). Toute la période de l'Euro (10 juin au 10 juillet), dont la SNCF est le transporteur officiel, est couverte par le préavis déposé par les syndicalistes. Le risque de paralysie totale est bien réel. Il n'est pas toutefois inquiétant. « Un mouvement certes sérieux mais qui ne sera pas de l'ampleur qu'on pouvait imaginer », a rassuré le secrétaire d'Etat aux Transports, Alain Vidalies. Selon les prévisions, 60% des TGV, 30 à 40% des trains régionaux circuleront. A l'international, la SNCF prévoit un trafic normal sur Eurostar et Alleo (Allemagne), 75% des Lyria (Suisse) et Thalys et seulement 40% des Ellipsos (Espagne) et un tiers des trains SVI (Italie). Après la SNCF, des grèves sont prévues, demain, dans le métro parisien et, prochainement, chez les pilotes. « Il y aura forcément des actions en juin », a averti Emmanuel Mistrali, le porte-parole du SNPL, majoritaire à Air France, votant, lundi dernier, le principe d'une grève dure. Les ports et les dockers CGT ont de leur côté reconduit l'appel à cesser le travail, pour 24 heures, à partir de demain. Ce qui nécessairement impacte l'approvisionnement en brut des raffineries et en kérosène des aéroports parisiens, déjà perturbé depuis une semaine par l'arrêt ou le fonctionnement au ralenti des 6 des 8 raffineries du pays en dépit des efforts du gouvernement ordonnant le déblocage des dépôts et le recours aux réserves stratégiques. Dans cette France de toutes les tensions, suscitant les craintes du comité de tourisme sur l'image d'un pays « dans un conteste déjà anxiogéné », le bras de fer entre le gouvernement et la CGT continue. De fait, le président Hollande exclut le retrait de la loi qualifiée de « progrès utile à notre pays ». L'idée d'un compromis est avancée par« la ministre du Travail, Myriam El Khomri, qui se refuse au démantèlement de l'article 2 du projet de loi. Pour le patron de la CGT, Phillipe Martinez, « prêt » au dialogue sans préalable, « la balle est dans le camp du gouvernement ». Face à l'ébullition sociale qui s'est déclenchée depuis plusieurs semaines contre la loi du travail et qui a pris des proportions alarmantes, et craignant une véritable insurrection à la manière des « printemps arabes », les dirigeants de cette quatrième ou cinquième puissance économique mondiale ont trouvé la parade pour désamorcer la crise. A quelques jours de la Coupe d'Europe de football qui se joue en France, le gouvernement recourt à la vieille méthode des régimes du tiers-monde : acheter la paix sociale.