Malgré les efforts des pouvoirs publics pour asseoir un système pharmaceutique plus efficace, lequel a permis d'améliorer nettement la couverture nationale en termes de médicaments, des dysfonctionnements persistent notamment en matière de maîtrise des coûts. C'est ce qui ressort de la première rencontre internationale HopitalPharma sur la thématique « le monde de la pharmacie et l'hôpital » organisée par le forum Santé et Pharma, conjointement avec la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH). Un expert en économie de santé et ex-cadre à l'OMS a souligné que le système pharmaceutique algérien est caractérisé par son déséquilibre, notamment dans le secteur public, mais aussi par des dépenses injustifiées. Pour appuyer ses dires, il dira que « sur le montant de 4 milliards représentant les dépenses pharmaceutiques, un milliard n'est pas justifié ». Il fait remarquer que l'Algérie « est parmi les rares pays qui ont multiplié par quatre leurs dépenses en produits pharmaceutiques, et ce, en quelques années ». D'où la nécessité, a-t-il soutenu, de mettre en place un système d'évaluation et une bonne gouvernance. Seule manière de maîtriser les coûts. « Il est impératif d'aller vers le système de contractualisation entre la PCH et les structures hospitalières et les offices », a-t-il précisé. Et d'enchaîner qu'il faut « responsabiliser, contrôler et évaluer pour une meilleure gestion des dépenses ». Aussi, « le marché va être asphyxié par des produits innovants, il faudrait anticiper les besoins afin d'arriver au meilleur choix », a-t-il dit. Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abdelmalek Boudiaf, dans un discours lu par l'inspecteur général du ministère, Omar Beredjouane, a souligné l'impératif de clarifier un certain nombre de notions, comme l'efficacité, l'efficience et l'utilité « dans la mesure, où, depuis près de 15 ans, à savoir depuis le début de la généralisation des thérapies ciblées, de nouveaux produits sont apparus sur le marché ». Il est donc important, a-t-il souligné, de « mettre en place des mécanismes fédérant les approches et générateurs de consensus qui assurent à la fois la meilleure thérapeutique possible sans dépasser les limites financières pouvant être supportées par la collectivité ». Il a ajouté qu'après avoir gagné la bataille de la disponibilité du médicament, « il est temps de passer à une autre étape qui doit porter sur l'amélioration de la gouvernance du médicament en milieu hospitalier ». Cent milliards de dinars destinés aux médicaments Selon Beredjouane, le budget alloué aux médicaments durant l'exercice de 2015 s'élève à 100 milliards de dinars, soulignant que 22% des dépenses des structures hospitalières sont destinées aux produits pharmaceutiques. « C'est la raison pour laquelle il est nécessaire de réhabiliter le rôle et les prérogatives du pharmacien hospitalier », a-t-il dit, tout en plaidant sur la mise en place d'une stratégie nationale de gestion des médicaments. La facture d'importation est en baisse, résultat de la promotion de la production nationale. L'inspecteur a fait savoir que dans ce cadre, 358 produits ne sont plus importés. La part du marché de la production locale se situe à hauteur de 45% avec 143 unités spécialisées en produits pharmaceutiques. un gain de 7,5 milliards de dinars Pour sa part, le directeur de la PCH, Mohamed Ayed, a fait savoir que la demande est croissante, assurant que tous les produits sont disponibles sur le marché. Evoquant la performance de la PCH, son directeur a indiqué que suite à des négociations avec les fournisseurs pour la révision à la baisse des prix, celle-ci a réalisé un gain de 7,5 milliards de dinars en 2015. Pour ce qui est de l'approvisionnement, il a fait savoir que les prévisions d'achat pour l'année 2016 sont de l'ordre de 70,62 milliards de dinars, dont 28% ont été consommés durant le trimestre dernier. Il est même attendu de réaliser un chiffre d'affaires de 76,6 milliards de dinars à la fin de l'année. Ayad a fait savoir que le montant d'achat des produits en situation de monopole a connu une baisse de 1,5 milliard de dinars. Par classe thérapeutique, l'évolution des achats des produits de thérapie ciblée s'est multipliée par quatre, soulignant que la cancérologie demeure en tête. Pour ce qui est des stocks de sécurité, il a assuré qu'ils sont stables et devront couvrir quatre mois de besoins. « Ce n'est pas négligeable », a-t-il estimé, tout en appelant les gestionnaires des hôpitaux à exprimer avec exactitude leurs besoins pour éviter toute pénurie, toute rupture ou tout risque de surstock.