Unique, incomparable. L'ambiance ramadhanesque à Bab El Oued ne laisse pas indifférent. Dans ce quartier le plus peuplé de la capitale, l'activité bat son plein et un monde fou occupe tous les coins et recoins du quartier. Ici, personne ne dort et le Ramadhan se vit à fond. L'esplanade d'El Kettani est bondée de monde. Jeunes, vieux, femmes et hommes, chacun trouve son compte dans cet espace idéal, situé face à la mer. Les enfants s'en donnent à cœur joie, qui à vélo, qui en jouant des parties de football et qui encore autour des tables de billard ou de baby-foot. Pour ceux qui recherchent le calme, les rochers et même la plage offrent un cadre idyllique pour passer des soirées entre amis, en toute quiétude. Ici, on s'installe jusqu'à l'aube, surtout qu'on ne manque de rien : juste en face, s'étalent des boutiques qui proposent nourriture et boissons en tous genres. Une partie de l'esplanade demeure en chantier où il est prévu d'édifier une marina, qui ne fera que du bien aux habitants du quartier et d'ailleurs. A quelque chose malheur est bon, dit-on. Les inondations qui ont frappé le quartier, en 2001, ont permis de dégager de nouveaux espaces de détente au cœur de Bab El Oued. Ces espaces, tout comme les places publiques du quartier, sont bondés de monde en ces nuits d'été et il y règne une ambiance bon enfant, jusqu'à la levée du jour. Mais dans les entrailles du quartier, la vie bat son plein également. A la place des Trois-Horloges, les traces d'une activité commerçante du jour sont visibles, tandis que les commerçants de la nuit commencent à occuper les lieux, petit à petit. Sur l'avenue Colonel-Lotfi, c'est carrément le grand souk, en pleine nuit. Tous les trottoirs sont squattés par les revendeurs ambulants. Femmes et hommes déambulent dans une ambiance unique où il faut jouer des coudes pour se frayer un chemin sur la chaussée, qui se rétrécit de plus en plus, alors que les automobilistes ont du mal à avancer. « Tout ça, et ce n'est pas encore la fin des tarawih », lance en riant un jeune commerçant ambulant qui vend des kits mains libres pour téléphones portables. Ici, c'est l'endroit préféré des familles au revenu modeste pour faire leurs emplettes. Dans les quartiers les plus peuplés de Bab El Oued, à Bazetta, Groupe Ten ou encore Climat de France, l'ambiance est restée la même. Les soirées se passent entre copains autour de parties de dominos ou de cartes, de « qaâdat » qui durent sans compter, dans une franche ambiance de camaraderie, même si, de temps à autre, les deux événements footballistiques planétaires s'incrustent dans les discussions, histoire de changer de registre. Mourad, la cinquantaine, ne changerait pour rien au monde, l'ambiance de son quartier, surtout durant le Ramadhan. « Je n'irai nulle part, je veux vivre à fond cette ambiance jusqu'à l'aube, ici, avec mes amis et mes voisins », dira-t-il. Son ami, Rabah, est plus mesuré : « Vous savez, ici, on ne dort jamais, que ce soit pendant le Ramadhan ou durant toute l'année. Peut-être à cause de la surpopulation ? Ce qui est sûr, c'est que, durant toute l'année, les magasins restent ouverts durant la nuit, pas comme dans les autres quartiers de la capitale. » Quoi que l'on dise, Bab El Oued reste une exception dans la capitale et ses soirées ramadhanesques demeurent tout aussi exceptionnelles et mémorables.