Frappé d'oubli pour des raisons que tout le monde ignore, ce pilier de la musique algérienne a été, samedi soir, au cœur du premier hommage national officiel monté avec un grand succès par l'Office national des droits d'auteurs (ONDA), sous l'égide du ministère de la Culture. Il va de soi qu'une seule commémoration est bien insuffisante pour célébrer ce digne fils de l'Algérie qui a donné à la musique algérienne de belles notes. Force est de reconnaître la volonté des pouvoirs publics, par le truchement, de la tutelle, à préserver ce patrimoine inestimable. La grande cérémonie officielle a réuni, à la salle Ibn Zeydoun de Riadh El Feth à Alger, en plus de la famille du défunt, sa femme et son fils, qui n'est autre que le brillant chanteur Kamel El Harrachi, une bonne partie de l'élite artistique, en présence des ministres de la Culture, Azzedine Mihoubi, des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, ce dernier accompagné du représentant de la coordination des mouvements de l'Azawad du Mali, et enfin de la Communication, Hamid Grine. Le ministre de la Culture a déclaré qu'« il s'agit d'un grand évènement célébrant l'un des monuments de la culture qui a propulsé la chanson algérienne sur la scène internationale ». Mihoubi a indiqué que son département mobilisera prochainement plusieurs chercheurs et académiciens dans le domaine de la musique pour étudier l'ensemble de l'œuvre poétique et musical d'Abderrahmane Amarni, le vrai nom de Dahmane El Harrachi. Un grand artiste, un excellent musicien « Il s'agit d'un un hommage qui s'inscrit dans le cadre des activités de l'ONDA destiné aux doyens de la culture algérienne en général et de la musique en particulier. Après les hommages déjà rendus à Slimane Azem, Cheïkh El Hasnaoui, aujourd'hui, c'est la première fois qu'un hommage national est rendu officiellement à ce grand maître du châabi moderne qu'est Dahmane El Harrachi », soutient le DG de l'Onda, Sami Bencheïkh Il ajoute qu'à cette occasion, un coffret de 12 CD comprenant 80% du répertoire du grand cheïkh ainsi qu'une notice biographique et un échantillon de plusieurs de ses compositions, a été réalisé et sera, selon lui, distribué gratuitement. Après avoir gratifié un public venu très nombreux à la cérémonie de deux chansons, l'une composée par son père, « Ya Dzair », et une autre écrite par lui-même, « Allah Yarham El Harrachi », Kamel El Harrachi s'est dit très heureux. « L'hommage rendu à mon père est une louable initiative organisée par l'ONDA. Je suis évidemment reconnaissant au fait qu'on rende hommage à ce monument de la musique algérienne. Il n'est jamais trop tard pour bien faire » , souligne-t-il, ajoutant que « toute la musique que je pratique a pour objectif de préserver et mettre en valeur le prestigieux répertoire poétique et musical composé par mon défunt père. C'est une marque algérienne. Vieux compagnon du maître, l'auteur-compositeur Kamel Hammadi surenchérit : « C'est un grand artiste, doublé d'un excellent musicien. Il n'a travaillé qu'avec les grandes figures de la scène musicale. » « Il revendique son propre style avec des paroles faciles à saisir, basées sur des maximes populaires. Il pratique une musique qui n'émane pas du chaâbi version El Anka, ni du moderne incarné par Abderrahmane Aziz », a-t-il précisé.