L'option était prévisible, suscitant la crainte de bon nombre de pays de l'Union européenne, étant donné les conséquences de cette sortie qui risque, d'après certains analystes, de mener au démembrement de l'Union. Déçu par l'issue du scrutin, le Premier ministre britannique, David Cameron, n'a pas tardé pour annoncer son intention de démissionner de ses fonctions en automne, laissant à son successeur la charge d'engager les négociations de sortie de l'Union européenne. « Les Britanniques ont pris une décision claire (...) et je pense que le pays a besoin d'un nouveau leader pour prendre cette direction », a déclaré hier Cameron, précisant qu'il resterait en place « jusqu'à l'automne et la désignation d'un nouveau leader » par son Parti conservateur lors de son congrès en octobre prochain. Cameron, qui avait prédit le pire avant le référendum en cas de sortie, s'est voulu rassurant sur la santé économique de son pays. Il a tenu à rassurer les Britanniques qui vivent dans des pays européens et les citoyens européens vivant au Royaume-Uni sur le fait qu'il n'y aura pas de changement immédiat concernant leur situation. La Grande-Bretagne engagera prochainement des discussions avec l'UE pour négocier la sortie et mettre en œuvre l'article 50 du Traité de Lisbonne, qui encadre de telles négociations. Le Royaume-Uni est encore membre de l'UE. Le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, qui assure la présidence tournante de l'UE, s'est dit hier déçu de la décision des Britanniques de quitter l'Union, mais a estimé que le résultat du suffrage devait être une incitation pour réformer l'Union européenne. « C'est avant tout une issue décevante. C'est aussi une incitation pour réformer l'Union européenne », a-t-il déclaré, allusion faite à la demande rejetée de l'appel du député d'extrême droite Geert Wilders à un référendum sur un Nexit, une sortie néerlandaise de l'UE. De son côté, le président du Conseil européen, Donald Tusk, a réitéré la détermination du bloc à garder son unité à 27. « Pour nous tous, l'Union est le cadre de notre avenir commun », a-t-il insisté, expliquant qu'il n'y aura pas de vide juridique jusqu'à ce que le Royaume-Uni quitte formellement l'UE. Les chefs de la diplomatie des six pays fondateurs de l'Union européenne seront aujourd'hui à Berlin pour une réunion d'urgence sur les conséquences du référendum britannique. Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a regretté hier matin le vote des Britanniques favorable au Brexit, estimant que c'était « un jour triste pour l'Europe et la Grande-Bretagne », sur son compte twitter. Au-delà du risque de désintégration progressive de l'Union, les analystes craignent de graves conséquences sur le plan économique. Pronostic confirmé par le président de la Deutsche Bank, John Cryan. « Les conséquences de la sortie des Britanniques de l'Union européenne seront négatives de tous les côtés », a-t-il prévenu hier. Les conséquences de cette décision ne sont pas encore prévisibles aujourd'hui, mais de l'avis des experts, il est clair qu'une période d'incertitude commence maintenant. « La seule certitude est que cette incertitude va durer », avance-t-on.