John Kerry y rencontrera Federica Mogherini, la représentante de la diplomatie européenne, puis son homologue britannique Philip Hammond et d'autres responsables du gouvernement démissionnaire de David Cameron. Comme bon nombre de pays européens, notamment les fondateurs de l'Union, Washington n'a pas caché sa déception quant au choix exprimé par les Britanniques pour sortir de l'UE, 43 ans après son adhésion aux traités européens. Les Etats-Unis redoutent l'impact de ce retrait sur la croissance mondiale et sur les marchés financiers, qui ont déjà subi un coup sévère en Europe et à l'échelle mondiale. Le président américain Barack Obama a, à maintes reprises, plaidé pour le maintien du Royaume-Uni dans l'UE. Sitôt les résultats du référendum annoncés, il n'a pas tardé à rappeler que le Royaume-Uni et l'Union européenne resteraient « des partenaires indispensables » de son pays. Le Brexit a faussé tous les calculs. Il a contraint les Européens à acculer Londres en mettant la pression pour accélérer leur divorce. Ils ont intimé au Royaume-Uni d'engager au plus vite la procédure de sortie de l'Union européenne. « Nous disons ici, ensemble, que ce processus doit commencer aussi vite que possible pour qu'on ne se retrouve pas embourbé », a déclaré à Berlin le ministre allemand des Affaires étrangères, encadré de ses homologues des pays fondateurs de l'UE (France, Pays-Bas, Italie, Belgique et Luxembourg). « Nous devons avoir la possibilité de nous occuper de l'avenir de l'Europe », a-t-il ajouté réclamant la mise en œuvre de l'article 50 du traité de Lisbonne, soit la clause de retrait volontaire et unilatérale de l'UE. Réagissant à la décision de David Cameron de ne laisser sa place qu'en octobre à un successeur qui se chargera de négocier la sortie de l'UE, les présidents de la Commission européenne et du Parlement européen ont déclaré ne pas comprendre les raisons de cette attitude. Ce dernier a exhorté, hier, le Premier ministre britannique David Cameron à entamer la procédure de sortie de l'Union européenne dès mardi, où un sommet européen doit se tenir. Il a jugé qu'une période de flou « conduirait à davantage d'insécurité, mettant ainsi l'emploi en danger ». « Cette attitude d'hésitation, simplement pour faire le jeu tactique des conservateurs britanniques, nous nuit à tous », poursuit-il. « C'est pourquoi nous comptons sur le gouvernement britannique pour tenir ses promesses dès maintenant et le sommet de mardi sera le bon moment. Pour accélérer la procédure de sortie, l'Union européenne a nommé le diplomate belge Didier Seeuws à la tête de la Brexit Task Force, pour traiter toute négociation. En Grande-Bretagne, trois jours après l'annonce des résultats, la population n'a jamais été aussi divisée, face à une pression exercée par l'Union européenne pour consommer le divorce. Autre fait exacerbant les craintes et la tension au sein du gouvernement et de la population. Les Ecossais qui ont majoritairement plaidé pour rester dans l'UE réclament la protection de leurs intérêts. « Je ferai tout pour protéger les intérêts des Ecossais », a déclaré, hier, Nicola Sturgeon, Première ministre d'Ecosse. Elle a souligné qu'un nouveau référendum d'indépendance était hautement probable. Une pétition en ligne adressée au Parlement britannique pour réclamer l'organisation d'un nouveau vote dépassait déjà samedi en fin d'après-midi, les deux millions de signatures.