A Birkhadem, le temps semble s'être arrêté. Au centre-ville, tout est resté intact. Aucune construction n'est venue casser le style ancien ni perturber l'ossature du vieux Birkhadem. Pourtant, la commune a connu une invasion du béton qui n'a épargné ni les vergers, qui faisaient sa réputation, ni les abords des accès routiers. Les terres agricoles ont disparu, laissant place à de nouveaux quartiers, de nouvelles cités, souvent construits de manière anarchique, au point où ne sait plus où commence et où finit Birkhadem et son appendice Tixeraïne. Le centre-ville est très animé durant les soirées du Ramadhan. Les boutiques sont ouvertes ainsi que les nombreux cafés de la grande placette, un lieu où convergent les habitants du quartier, un cadre agréable par ces nuits d'été où la brise fait tant de bien. Les terrasses de café sont noires de monde, alors que la circulation automobile demeure plutôt fluide, et les places de stationnement manquent. De tous les coins de Birkhadem, notamment des nouveaux quartiers résidentiels et des nouvelles cités, on vient profiter de cette ambiance ramadhanesque faite de convivialité et de bonne humeur. Hanafi, cadre dans une entreprise privée, qui habite depuis plus de vingt ans à Kouba, revient chaque Ramadhan dans son quartier d'enfance. « J'adore passer le Ramadhan à Birkhadem, chez ma mère. Cette année, ça tombe bien, les enfants sont en vacances, donc, j'y ai élu domicile. Les autres années, je venais pour le f'tour et je restais jusqu'à l'aube. C'est ici que j'ai mes repères et c'est ici que je sens vraiment rihet ramdhane. Et puis, c'est l'occasion de revoir les amis d'enfance. » Devant les boutiques de vêtements bien achalandées à l'approche de l'aïd, Merzak, la cinquantaine, ne sait plus où donner de la tête. « J'hésite encore, pas seulement à cause des prix élevés, mais surtout de peur de décevoir les enfants. J'aurais dû les emmener avec moi, pour voir ce qui correspond à leurs goûts. Là, je vais me contenter de faire du lèche-vitrine, histoire de répertorier ce qui est proposé et à quel prix, ensuite, je verrai avec les enfants. Mais tout en veillant à leur faire plaisir, je m'interdis de faire des folies. Heureusement qu'on trouve tout ici, cela m'évite un déplacement à Alger-Centre, et puis ça me permet de régler la chose rapidement, pour aller profiter de la soirée avec les amis. » Alors que l'ambiance bat son plein dans les avenues commerçantes, les ruelles avoisinantes connaissent un calme qui donne l'impression d'avoir changé de quartier. De petits groupes se forment ici et là autour de tables et chaises de plage pour passer la soirée avec les indémodables parties de dominos. Plus on s'enfonce dans les quartiers résidentiels et moins on croise de noceurs, au point où dans certains coins de Birkhadem, on croirait que les lieux sont désertés par leurs habitants. Même constat à Tixeraïne, où le centre-ville est plutôt bruyant, tandis que les quartiers résidentiels, qui poussent comme des champignons, restent en dehors de cette ambiance.