C'est le quartier de tous les contrastes : des marchés en tous genres et dans tous les coins et une activité débordante durant la journée, alors que l'ancien centre-ville tombe en ruine et attend une opération de sauvetage avant qu'il ne soit trop tard. El Harrach accueille les nuits du Ramadhan avec des espoirs grands comme ça. L'ouverture d'une ligne de métro a permis de dégager quelques espaces verts aux alentours. Des espaces qui font tellement de bien aux habitants qui espèrent que l'opération se généralisera et que les quartiers menaçant ruine bénéficieront de l'attention des autorités locales. Pour le moment, un seul espace est dédié aux enfants, devant la station de métro, et qui fait le bonheur des riverains. Les espaces publics, tout comme les nombreuses terrasses de café, sont investis en soirée par les jeunes. On savoure l'air frais et le calme qui règne au centre-ville, après une journée mouvementée. Mais, El Harrach, ce n'est pas que le centre-ville, généralement fréquenté par les gens de passage, qui préfèrent se rencontrer dans ce quartier connu pour ses activités commerciales. El Harrach, c'est aussi des quartiers cossus, comme Belfort, Belle Vue, Beau Lieu ou encore Mohammadia. Dans ces coins, l'ambiance est tout autre. Les habitants ne ratent pas l'occasion pour dénoncer l'amalgame dont souffre El Harrach. Yacine, technicien de santé, dira : « On nous colle une mauvaise réputation depuis des années, surtout à cause de certains pseudo-supporters de l'USMH, alors que la réalité est complètement différente. » Rachid, la quarantaine, cadre dans une entreprise privée, ne changerait pas de quartier pour rien au monde. « Ici, c'est mieux que Sidi Yahia ou Hydra. Et si les gens pensent du mal de nous, eh bien, tant mieux pour nous, au moins, nous sommes tranquilles, pas de pression sur le foncier ou l'immobilier, pas de prédateurs qui rôdent aux alentours. Cette mauvaise réputation nous sert en quelque sorte. » Il n'a pas tout à fait tort, puisqu'effectivement, ces coins sont tout simplement agréables et les soirées entre voisins et copains sont tout simplement féeriques. Ici, les terrasses de café, même petites, suffisent aux habitants du quartier. Les autres sortent la grosse artillerie de chez eux : tables, chaises et toutes sortes de gâteaux et de boissons pour des soirées paisibles sans aucun souci. Ici, la circulation routière est quasi nulle, au point où l'automobiliste est obligé de réduire la vitesse. Nous sommes en plein quartiers résidentiels, au sens propre du mot. Même au centre de Hassan Badie (ex-Belfort) où l'activité des commerçants des téléphones portables rend la circulation impossible dans la journée, les espaces sont réappropriés le soir par les habitants, et il y règne une ambiance bon enfant sur les terrasses de café. Les Harrachis attendent impatiemment la fin du chantier d'aménagement d'oued El Harrach, avec tous les espaces de détente qu'il devrait proposer, mais aussi, en débarrassant le quartier des bidonvilles qui persistent çà et là, des vieilles unités industrielles polluantes et de vieux hangars abandonnés.