Au sein de l'Union européenne qui vient de perdre, pour la première fois, un membre de poids, la tendance est au scepticisme. Le retrait des Britanniques de l'UE sera, sans aucun doute, l'événement phare qui dominera les travaux du sommet européen de deux jours qui s'ouvrira aujourd'hui à Bruxelles. La chancelière allemande Angela Merkel a reçu hier à Berlin le président du Conseil européen Donald Tusk, puis le président français François Hollande et le chef du gouvernement italien Matteo Renzi. Ce dernier a jugé que l'Europe ne peut pas se permettre de perdre un an à discuter procédure après la décision britannique de quitter l'Union européenne. « L'Europe peut tout faire sauf ouvrir une discussion pendant un an sur les procédures. Si tout se résume à une négociation sur les procédures, on perd de vue ce qui s'est produit en Grande-Bretagne », a-t-il déclaré. De source diplomatique européenne, on indique que le Royaume-Uni pourrait ne « jamais » déclencher sa sortie de l'Union européenne malgré la victoire du Brexit. « Mon sentiment personnel, c'est qu'ils ne notifieront jamais » à l'UE leur intention de quitter l'Union, a déclaré ce diplomate sous couvert de l'anonymat. Selon l'article 50 du traité de Lisbonne signé en 2007, qui n'a jamais été utilisé jusqu'ici, pour engager son retrait, le Royaume-Uni doit notifier au Conseil européen, composé des chefs d'Etat et de gouvernement des pays membres, son intention de quitter l'Union et négocier ensuite, pendant deux ans maximum, un « accord de retrait ». Il rappelle que les pays de l'Union veulent que Londres déclenche l'article 50 maintenant, pour qu'il y ait de la clarté. « Comme nous ne pouvons pas les y forcer, je m'attends à ce qu'ils prennent leur temps. Et je n'exclurais pas, c'est mon sentiment personnel, qu'ils puissent ne jamais le faire », a-t-il ajouté. Dans les milieux diplomatiques européens, on estime que malgré la pression croissante des responsables européens, le Premier ministre David Cameron ne devrait pas entamer la procédure de sortie de l'UE dès aujourd'hui à Bruxelles. « Nous ne nous attendons pas, à ce stade, à ce que Cameron déclenche l'article 50 », avance-t-on. Les diplomates européens sont unanimes. Il ne peut y avoir aucune négociation avec le Royaume-Uni tant qu'il n'y a pas de notification. Samedi dernier, les ministres des Affaires étrangères des six pays fondateurs de la construction européenne ont pressé Londres de démarrer le processus de sortie « dès que possible ». A l‘extérieur, l'onde de choc du Brexit n'a pas tardé à se faire ressentir. Les conservateurs au pouvoir en Australie ont saisi l'occasion pour mettre en garde contre un vote travailliste aux prochaines législatives prévues samedi prochain tandis qu'un sondage leur donnait pour la première fois une légère avance. Par ailleurs, sur les marchés financiers l'impact est palpable. Le Premier ministre chinois Li Keqiang a déploré hier lors du Forum d'été de Davos, le renforcement des incertitudes sur l'économie mondiale à l'heure où la croissance chinoise ralentit. « Le vote britannique de la semaine dernière a déjà eu un impact sur les marchés financiers internationaux et a apporté au monde de nouvelles incertitudes », a-t-il souligné.