Les déflagrations provenaient notamment de Jebel, un des quartiers où les affrontements de la veille ont été les plus virulents, ainsi que du quartier de Munuki. Sur la route vers l'aéroport et le quartier de Tomping, les combats impliquaient l'artillerie lourde. L'ONU a fait état de tirs de mortiers, de lance-grenades et d'« armes d'assaut lourdes ». La présence d'hélicoptères de combat et de chars a également été signalée. D'après plusieurs médias locaux citant le ministère de la Santé, 270 Sud-Soudanais, combattants et civils, ont péri dans de premiers affrontements vendredi dernier à la veille du 5e anniversaire de l'accession à l'indépendance du pays. Un précédent bilan parlait de 150 morts. Selon un responsable de l'ONU, un Casque bleu chinois a été tué dans les combats à Juba et 12 autres de diverses nationalités ont été blessés, dont deux grièvement. Parmi les blessés se trouvent des soldats rwandais de la force onusienne au Soudan du Sud, la Minuss. Le Conseil de sécurité de l'ONU, réuni en urgence dans la nuit de dimanche à hier, a exigé du président Salva Kiir et de son rival Riek Machar de « faire le maximum pour contrôler leurs forces respectives et mettre fin d'urgence aux combats ». Le Conseil de sécurité de l'ONU a souligné que « les attaques contre les civils ou contre le personnel et les locaux de l'ONU pourraient constituer des crimes de guerre ». Les 15 membres, dans leur déclaration unanime, ont également demandé aux « pays de la région » et à l'Union africaine de « discuter fermement avec les dirigeants sud-soudanais pour traiter cette crise ». Les membres du Conseil de sécurité « envisagent de renforcer » la Minuss, la Mission de l'ONU au Soudan du Sud, et demandent aux pays de la région « de se préparer à fournir des troupes supplémentaires au cas où le Conseil le déciderait ». C'est dans ce cadre que les ministres des Affaires étrangères de la sous-région (Igad) se sont rencontrés, hier, à Nairobi. Les états-Unis réclament la fin immédiate des combats De leur côté, les Etats-Unis ont réclamé, dimanche dernier, la fin immédiate des combats et annoncé le retrait de Juba de tout le personnel de leur ambassade jugé non essentiel. « La capacité de l'ambassade de procurer des services d'urgence aux citoyens américains à Juba est extrêmement limitée », a prévenu le porte-parole du département d'Etat américain, John Kirby, dans un communiqué. « Les Etats-Unis sont déterminés à garantir que des mesures appropriées soient prises pour que les responsables de la poursuite des combats et des violations du droit humanitaire international rendent des comptes », a affirmé Kirby annonçant que les Etats-Unis étaient en relation à propos de cette crise avec des responsables de l'Union africaine et des dirigeants de la région. Dans le cadre d'un fragile accord de paix et de partage du pouvoir signé en août 2015, signalant la fin d'une guerre civile dévastatrice — qui a fait plusieurs dizaines de milliers de morts et près de trois millions de déplacés depuis décembre 2013 —, Machar est revenu, avec un fort contingent d'hommes armés, en avril dernier à Juba, où il a été réinstallé vice-président et a formé avec Kiir un gouvernement d'union nationale. La mise en œuvre de ce compromis n'a apparemment pas marché.