Le président Erdogan est officiellement de retour à Ankara pour présider une réunion du Conseil national de sécurité turc, en présence des plus hauts dirigeants civils et militaires de Turquie. Une « annonce importante » est attendue pour consolider la prise en main de l'appareil de l'Etat débarrassé des éléments putschistes. Environ 9.300 personnes ont, par ailleurs, été placées en garde à vue, dont des policiers, des juges et plus de 100 généraux et amiraux. Toutes les institutions sont visées par une purge massive qui s'est étendue au secteur de l'audiovisuel et de l'éducation. Les missions à l'étranger des universitaires sont suspendues sine die par le Conseil de l'enseignement supérieur (YÖK), exigeant que leur situation soit examinée d'urgence et qu'ils soient rappelés rapidement sauf « nécessité impérieuse ». La dégülenisation frappe le monde universitaire. La démission des 1.577 doyens d'universités publiques et rattachées à des fondations privées est revendiquée par le YÖK, tandis que 15.200 employés du ministère de l'Education ont été suspendus. Le bras de fer se durcit puisque Erdogan fait du forcing pour assurer l'extradition de son « frère ennemi » en exil, depuis 1999, aux Etat-Unis. Accusé d'être le principal instigateur du coup d'Etat manqué, le prédicateur Fethullah Gülen est monté au créneau pour contester cette procédure et récuser les accusations d'Erdogan et du Premier ministre, Binali Yildirim, qu'il juge « ridicule, irresponsable et faux ». C'est au nom des « vendettas politiques », fera-t-il valoir, que la prise en main montre la volonté d'Erdogan qu'il est « prêt à tout pour consolider son pouvoir et persécuter ceux qui le critiquent ». Jusque-là, Washington qui a proposé son assistance dans l'enquête écarte cette éventualité en l'absence de preuves qui restent du ressort d'Ankara. Sur un autre front, 5 jours après le putsch, des raids ont été lancés par l'armée turque contre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le nord de l'Irak, abritant son haut commandement. Des F-16 de l'armée ont frappé, tard mardi dernier, des positions du PKK dans la région de Hakurk, faisant 20 morts parmi les combattants kurdes, a annoncé l'agence progouvernementale, citant des sources sécuritaires. Après plus de deux ans de cessez-le-feu entre Ankara et les Kurdes, la reprise des bombardements traduit les enjeux d'un chamboulement interne en étroite relation avec les retombées de la guerre en Syrie qui ne peuvent laisser indifférente la Turquie d'Erdogan.