L'été est, chez nous, quelque part salvateur pour les petits métiers, grands sous d'autres cieux. L'artisanat, puisqu'il s'agit de ce secteur, refait peau neuve dans les grandes agglomérations urbaines après avoir quitté un laps de temps le monde rural, son milieu naturel. Moult objets de décoration et autres nécessaires de cuisine ou apparats de beauté gagnent de la surface en s'exposant aux yeux des citadins qui s'émerveillent que quelque part en Algérie, il est encore et toujours des mains habiles pour travailler manuellement et ne pas se faire de l'argent. Et à la faveur de la belle saison, ce sont des tables d'exposition, des chapiteaux qui mettent en valeur ce savoir-faire séculaire, mis en avant le temps d'un été comme pour appuyer que ce travail artisanal est autant éphémère que l'est l'été. Ces expositions ont commencé par écumer les complexes touristiques, les esplanades des ports de plaisance, Sidi Fredj par excellence, pour squatter les places publiques, mais formellement. Car de l'informe, point dans ce genre de métier. Même si souvent ceux qui revendent ces objets artisanaux ne sont pas forcément les auteurs de ce travail de potier, d'argent, de vannerie, de tissage ou de dinanderie, pour ne citer que ces facettes du travail manuel, exécuté dans la plupart des cas par des mains féminines. Des objets de décoration qui, las d'occuper tout en poussière des vitrines des halls d'hôtel, se sont trouvé un filon pour rentabiliser les dépenses de l'année. Parce que l'été venu, on pense à vendre et pas à moindre prix. Tout comme le font les revendeurs des axes routiers qui parsèment les côtes est et ouest, ou sur le chemin de la Kabylie, qui guettent le moindre touriste qui passe par Yakouren, Khemis Miliana, sur la route de Tizi Ouzou, celle de Tipasa... ou ailleurs dans ce grand et majestueux pays : l'Algérie... pour lui asséner un prix avec lequel il est difficile de négocier, surtout lorsque le touriste d'un virage croit avoir fait la bonne affaire... Et que dire des maisons de l'artisanat comme celle de Bab El Oued, où il n'est donné aucun attrait aux objets pourtant beaux et bien ciselés. La maison se vide, les articles sont toujours les mêmes et l'endroit pourtant bien pensé, à l'architecture arabo-mauresque, n'a rien pour attirer, pas même une parole de celles et ceux préposés aux stands... Quel dommage ! Il était une fois du côté de Tkout, un vieil homme qui courait dans l'Aurès, en toute saison pour écouler de beaux tapis, en poils de chèvre, faits main... Dans le Sud, il est des femmes qui continuent de tisser, de broder et de tricoter... à l'ombre d'un avenir qui peut toujours être enchanteur et pour elles et pour le pays pourvu que la dextérité de leurs doigts experts et professionnels soit regardé de plus près, à défaut d'être apprécié à sa juste valeur. Et après cela, comment résister au chant des sirènes venus d'ailleurs, de chez nos voisins, pour ne pas aller loin... quand des échoppes d'artisanat qui, d'apparence, font dans le local, en plein cœur de la capitale proposent des produits venus de Chine, d'Inde... et d'ailleurs !