Le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, a animé, hier, une conférence au palais de la culture Moufdi-Zakaria, à Alger, sur le thème « La stratégie de protection du patrimoine national matériel et immatériel ». Le ministre était accompagné de Slimane Hachi, directeur du Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques, et de Mourad Bouteflika, directeur du patrimoine et de l'histoire de la culture au ministère de la Culture. Azzedine Mihoubi a souligné que « la protection du patrimoine matériel et immatériel constitue une prérogative importante de l'Etat inscrite dans la Constitution ». Il a indiqué que l'ensemble des structures de son département travaillent pour la concrétisation de cette mission, citant, à ce titre, ces directions, celles des wilayas ainsi que les institutions qui sont rattachées à son ministère, notamment les musées. Mihoubi relèvera que cette mission de protection concerne d'autres ministères, en particulier ceux des Moudjahidine et de l'Education nationale. Des conventions ont été signées à cet effet entre les deux ministères précités et celui de la Culture. Notant que le patrimoine matériel et immatériel englobe également la matérialisation des hauts faits de la Révolution algérienne, il dira qu'il est impératif de procéder à la réhabilitation des sites phare de la guerre de Libération. Avec le ministère des Moudjahidine, il est question de répertorier les sites témoins des pages glorieuses de l'histoire nationale, des cimetières de chouhada ou encore des centres de détention et de torture érigés par l'administration coloniale. Mihoubi notera l'impératif d'ancrer dans la mémoire de la jeune génération les sacrifices de leurs aïeux. Dans cet ordre d'idées, la villa Suzini, lieu de torture durant la guerre de Libération, fait l'objet d'une réhabilitation. Avec le ministère de l'Education, une des conventions vise l'entrée du musée au sein même de l'école. De son côté, le directeur du patrimoine, Mourad Bouteflika, a présenté la liste des sites répertoriés en tant que biens protégés évalués à 1.013, disséminés à travers le territoire national. « C'est la première fois que le nombre de sites protégés dépasse le millier », a-t-il précisé, insistant, à son tour, sur le rôle prépondérant de l'Etat dans la protection du patrimoine matériel et immatériel. A une question sur les ressources financières nécessaires à cette mission à la lumière de la baisse des recettes des hydrocarbures, Mourad Bouteflika a affirmé que « la restriction du budget pour cette année a fait que les opérations prioritaires soient maintenues alors que d'autres ont été reportées ». Slimane Hachi a, quant à lui, abordé la question de l'inscription de sites algériens au patrimoine mondial. « C'est dans le cadre de la charte de l'Unesco, dans son chapitre concernant le patrimoine, que l'Algérie a inscrit un certain nombre de sites qui sont devenus un patrimoine de l'humanité. » Hachi a développé les critères rigoureux exigés par l'Unesco pour procéder à l'inscription des sites. « Il faut plusieurs années de travail pour soumettre un dossier à cette organisation mondiale. Nous l'avons fait et obtenu des résultats positifs. » Après avoir énuméré les sites concernés, il a indiqué que d'autres sont en voie d'être présentés à l'Unesco, citant, par exemple, pour le bien immatériel, la poésie et la chanson raï. Abdelkader Bendaâmèche, expert de la chanson chaâbi, présent à cette rencontre, a axé son exposé sur les sources populaires du raï, ajoutant que ce genre musical a été officiellement pris en charge par les autorités culturelles lui dédiant même un festival national annuel. Cette rencontre a également été l'occasion pour Abdelouahab Zekagh, directeur général de l'Office national de gestion et d'exploitation des biens culturels, d'évoquer le chantier du métro d'Alger à la place des Martyrs, révélant qu'un musée souterrain sera réalisé et relatera près de 2.000 ans de l'histoire.