Cette année, plus que les autres, les villes du littoral ont connu une très forte affluence de familles venues du sud du pays. Le phénomène n'était pas très visible les années précédentes. Mais cette année, il a crevé l'écran. De plus en plus de familles habitant dans le Grand Sud optent pour le Nord, souvent pour échapper à la fournaise de la région par période estivale. Certaines ont carrément choisi de s'installer durablement au Nord, du moins en y plaçant leur progéniture dans des établissements scolaires. Il est vrai que les conditions climatiques dans le Sud, notamment en été, sont tout simplement insupportables, mais il est aussi vrai que dans ces vastes contrées, l'on s'ennuie à en mourir. Faute d'infrastructures de loisirs et de distractions, l'été ressemble à un supplice que beaucoup de familles ne veulent plus endurer. Certaines sont obligées, par temps de fortes chaleurs, de passer leurs nuits à la belle étoile, avec tous les risques que cela suppose, notamment les scorpions qui rôdent dans les parages et qui font, chaque année, plusieurs victimes. La climatisation, même si elle s'est généralisée, là où l'électricité est disponible, n'en constitue pas, pour autant, une solution, puisque la surconsommation conduit inéluctablement à des coupures récurrentes du courant électrique. Passer son été dans le Sud, c'est accepter d'être confiné dans des endroits plus ou moins cléments, et surtout, ne pas bouger et ne rien faire de ses journées. Si les vacances sont considérées comme indispensables pour le commun des Algériens, que dire, alors, des gens du Sud pour qui des vacances dans le Nord sont, tout simplement, une rencontre avec la vie, une fuite de l'enfer. Tous les gens du Sud, qui disposent de moyens financiers, se tournent vers le Nord et prolongent au maximum leur séjour. Mais qu'en est-il de ceux qui n'en ont pas les moyens ? Ceux qui sont obligés de rester sur place et de supporter les dures conditions climatiques ? Le Nord et son littoral accueillent ceux qui le peuvent, quant aux autres, ils resteront aux oubliettes et continueront de souffrir en silence. A moins que les autorités locales décident de doter leurs localités de véritables espaces de loisirs adaptés à la région, ou du moins permettre aux plus démunis de profiter de séjours au Nord. Une pensée particulière aux enfants démunis, qui ne peuvent suivre leurs voisins aisés partis se divertir au Nord.