Pour concrétiser cette aspiration, un projet que consacre le décret exécutif n°13- 378 notamment l'article 14 datant de 2013 est en voie d'application. « Ce projet doit être présenté à tous les secteurs concernés et les associations de protection des consommateurs », a fait savoir le directeur de la qualité au ministère du Commerce, Samir Kolli. « Ce projet, dira-t-il, va organiser l'étiquetage nutritionnel. Dorénavant, la déclaration nutritionnelle sera obligatoire. » Elle permettra aux consommateurs de connaître tous les composants du produit, leur quantité, le nombre de calories ainsi que l'expression de la valeur nutritive pour 100 g ou 100 ml. L'objectif visé est la réduction de la consommation journalière de sucre, de sel et de matières grasses qui sont à l'origine de nombreuses maladies non transmissibles, telles que l'hypertension, le diabète, les maladies cardiovasculaires, l'obésité, le cancer. Toutes ces maladies reflètent les changements nutritionnels. D'ailleurs, le cancer du côlon est passé ces dernières années de la 4e à la 1re position. En 2014, plus de 41.000 cas de cancer ont été recensés en Algérie, selon la représentante du ministère de la Santé, Djamila Nadir. Selon une étude réalisée en 2005 par l'Institut national de santé publique, il a été constaté que les Algériens consommaient trois fois plus de sucre que ce qui est recommandé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). En revanche, ils ne consomment que le tiers de ce qui est recommandé en produits laitiers et en protéines. L'adoption d'une politique de prévention est plus que jamais nécessaire, d'après elle. C'est ce que vise justement le Plan national (2015-2019) de prévention des maladies non transmissibles qui repose sur une résolution de l'OMS. Un comité multisectoriel regroupant également cinq associations de protection des consommateurs a été mis en place, en février 2015, dont la mission est la promotion d'une alimentation saine en plus de l'encouragement de l'activité physique. Le but étant aussi « d'améliorer la communication avec la population en vue d'impulser une éducation nutritionnelle », dira la représentante du ministère de la Santé. Des efforts sont à faire, selon elle, pour diminuer le sucre et augmenter le ratio de protéines et de calcium. Les déficits et les excès en matière de consommation alimentaire peuvent avoir des conséquences graves sur la santé, d'où la nécessité, pour l'ensemble des intervenants, de prévenir ces risques. « Beaucoup de décès dans le monde sont dus au mode de consommation alimentaire », affirme le Dr Djamila Nadir. Le président de l'Union nationale de protection du consommateur, Mahfoud Harzelli, a, lors du débat, posé le problème des produits importés non contrôlés et demandé l'instauration de normes nationales en matière de production et l'ouverture de laboratoires d'essais. Comme il a plaidé pour un étiquetage lisible et en gros caractères. Pour sa part, Mustapha Zebdi, président de l'Association de protection et d'orientation du consommateur et son environnement (Apoce), préconise la constitution d'un lobby de consommateurs contre le lobby des producteurs et un logo du produit en plusieurs couleurs, pour que le consommateur puisse choisir la couleur du produit qui lui convient, comme cela se fait à l'étranger. Le ministre du Commerce, Bakhti Belaïb, présent à cette rencontre, deuxième du genre, a écouté avec attention les doléances et les préoccupations des représentants des associations et leur a promis de les satisfaire.