Photo : Mahdi I. Considérant la communication institutionnelle comme étant un «instrument très opportun» pour améliorer la relation entre l'Etat et la population, le gouvernement est en phase de mettre en place une plate-forme d'actions qui prendra en compte les propositions de chaque secteur, selon son domaine d'activité. «Nous étions déjà à l'étude du dossier. Il s'agissait de voir la manière de communiquer, comment et vers qui communiquer. A ce stade, nous sommes pratiquement à la fin de l'élaboration d'une plateforme d'action pour améliorer la communication institutionnelle parce que nous estimons que tous les citoyens ont le droit de savoir ce qui se passe dans leur propre pays». Ce sont là les explications de M. Nacer Mehal, ministre de la Communication, qui est intervenu hier sur les ondes de la Radio Chaîne III. Plus précis, il soutiendra que ce plan d'action consiste à définir les canaux de communication et surtout «les médias sociaux car nous considérons qu'il est temps de songer à s'adresser à la population». Se montrant plus critique, le ministre a fait remarquer «que la communication institutionnelle était absolument inexistante ou bien peu performante et même inadaptée aux contextes» d'où la nécessité d'apporter des améliorations. De son point de vue, la communication constitue un «acte quotidien», soulignant que «chaque département ministériel a pour devoir d'ouvrir ses portes aux journalistes». L'amélioration, insiste-t-il, doit toucher trois paliers, d'abord les relations directes entre l'administration (APC, wilaya) avec les citoyens, la communication intra-gouvernementale, et enfin la relation des administrations publiques avec tous les médias, sans exception. L'accès à l'information pour les journalistes est impératif, souligne le ministre, déplorant au passage les «blocages» constatés ici et là. «Il y a des vieux réflexes qui sont installés depuis l'indépendance malheureusement. Il y a eu de temps à autre des coups de semonce pour améliorer les choses mais ce n'est pas toujours le cas. Il y a des blocages que j'estime anormaux et que je dénonce au passage», a indiqué l'invité de la radio. Le ministre voulait également lever les équivoques et apporter plus de précisions concernant l'ouverture du champ médiatique et de la réorganisation de la radio et de la télévision nationale. Il a rappelé que l'ouverture des médias lourds a été décidée avant même la levée de l'état d'urgence soulignant que «le gouvernement n'a pas attendu la réaction des partis politiques, quand bien même je respecte «le point de vue de ces partis. Nous avons annoncé notre feuille de route le 28 octobre dernier à l'occasion de l'anniversaire de la récupération de la radio et la TV. J'avais bien dit qu'il fallait arriver à un stade où les Algériens doivent parler aux Algériens des problèmes algériens. ». A ce sujet, le ministre a voulu apporter une mise au point sur des informations rapportées par certains journaux de presse selon lesquelles M. Mehal avait déclaré que le champ audiovisuel n'interviendrait que dans six mois. «Mes propos ont été déformés», s'insurge-t-il, affirmant que ces deux canaux sont déjà ouverts. Preuve à l'appui, il a indiqué que «deux représentants de l'opposition se sont exprimés dans des émissions à forte écoute de la télévisons nationale». Pour ce qui est de l'ouverture du secteur audiovisuel au privé, l'invité de la radio a tenu à préciser que cette question «n'est pas encore à l'ordre du jour» et d'ajouter que «cela veut dire qu'elle n'est pas exclue à l'avenir. L'ouverture exige une préparation, des textes, des lois et un cadre juridique claire et des cahiers de charge comme il exige peut être une institution de régulation et de contrôle de cette ouverture». Selon lui, aucune échéance n'a été fixée pour l'étude de ce dossier. Il a même souligné que «la question relève d'une décision gouvernementale». Au sujet de la réorganisation de la télévision nationale, M. Mehal a fait savoir que le dossier sera soumis sur la table du gouvernement pour examen et adoption dans 2 à 3 semaines. Il est question de donner à chaque chaîne TV sa propre identité et personnalité, ce qui n'existe pas actuellement car, selon le ministre, «les trois chaînes sont clonées de l'une à l'autre» au point même où le public ciblé n'est pas défini, déplore le ministre. Une fois les textes adoptés, chacune des trois chaînes aura sa propre grille de programme et fera recours à sa propre imagination et génie. «Nous considérons que l'année 2011 sera une année transitoire et celle de 2012 l'année d'application effective». La réforme touchera aussi bien l'information que l'animation. Le recours à des experts externes n'est pas exclu, note-t-on. LE CODE DE L'INFORMATION SUR LE BUREAU DU GOUVERNEMENT AU COURS DU 2E TRIMESTRE En se basant sur la mouture qui existe déjà, le ministre a indiqué que les discussions se poursuivent «pour obtenir le maximum de consensus pour probablement soumettre ce dossier lors du 2e trimestre au gouvernement et en suite à la presse». Il a rassuré que tous les éditeurs sont concernés. Le code de l'information constitue, a-t-il dit, un «élément de renforcement de la liberté d'expression et il la balise dans le sens qu'il n'ait pas de dérive déontologique». Evoquant le cadre juridique, le ministre a fait savoir que le «journaliste doit se défendre lui-même. Il a des droits comme il a des devoirs». Au sujet de la dépénalisation des délits de presse, il a indiqué que «c'est en discussion actuellement», soulignant toutefois que «le recours à la loi relève des compétences du ministre de la Justice ». Il précisera que «le dossier n'est pas encore ouvert». Et que «la décision finale appartient au chef de l'Etat». Sur le statut du journaliste, M. Mehal dira que ce dernier existe déjà indiquant au passage qu'il est ouvert à toute négociation avec «un syndicat représentatif». Pour ce qui est des conventions de branches, M. Mehal a expliqué que celles-ci concernent la presse écrite qui relève de l'Etat, dont les organes sont gérés par SGP communication. Les résultats des négociations s'articulant essentiellement autour des rémunérations des journalistes, précise-t-il, «seront connus d'ici le 31 mars». Il s'agit, selon lui, de «donner un peu plus de dignité aux journalistes par rapport à leur rémunération». Concernant la publicité, écartant l'idée du monopole de l'ANEP, le ministre a souligné qu'il est nécessaire de «baliser un chemin pour mieux la contrôler», comme il est impératif d'aller vers la numérisation du secteur de la communication.