« Sétif, la fosse commune, massacres de 8 Mai 1945 », titre d'un ouvrage de notre confrère, Kamel Beniaïche, paru récemment aux éditions El Ibriz, regroupe des témoignages d'un grand nombre de rescapés des massacres du 8 Mai 1945. L'auteur prendra part au 21e Sila. Il signera son livre le 1er novembre, au stand de son éditeur. Gilles Manceron, historien français, relève dans la préface que « le mérite de ce livre, son apport important à l'histoire de cet événement, est qu'il restitue l'identité de nombreuses victimes algériennes, dont l'auteur a pu retrouver la trace. » « Des victimes qui, sur le moment, n'ont même pas été recensées par leur nom, puisque les indigènes, à l'époque, n'étaient reconnus ni dans leur citoyenneté ni même dans leur identité », ajoute Manceron. « Dans sa quête scrupuleuse de vérité et animé par le souci de l'histoire, il n'oublie pas non plus de nommer aussi les victimes européennes et d'évoquer leur sort », note-t-il. Kamel Beniaïche souligne que ce document, qui relate « un pan de l'histoire des belles et fertiles hautes plaines sétifiennes où je suis né, où j'ai grandi et étudié, obéit à une seule ligne de conduite : le devoir de vérité. » La réalisation du projet l'a obligé à emprunter des chemins « sinueux » et difficiles d'accès. Il est resté plus de dix ans pour écrire son livre. Il s'est documenté, a consulté des archives, des journaux de l'époque et des livres d'auteurs algériens et français. Il estime que son travail est incomplet et que c'est aux historiens de compléter le « puzzle ». Ce travail s'appuie sur une documentation riche et nouvelle vers laquelle l'auteur oriente le lecteur, soucieux d'étendre ses connaissances sur le sujet. On y découvre une histoire imprévisible et tourmentée, avec des aspects vivants, notamment au collège Eugène-Albertini de Sétif. Victimes d'une répression brutale pour avoir manifesté, certains deviendront des cadres du FLN ou de l'ALN. L'ouvrage montre comment les évènements de Mai 1945 ont conduit directement toute une génération à s'engager dans le mouvement national. Il alimente aussi la réflexion sur les responsabilités françaises dans la répression.