Le Conseil de coopération du Golfe (CCG) vole au secours d'un de ses membres. L'opposition, menée depuis le début, soit le 14 février, par les Chiites (70% de la population) crie à l' « occupation étrangère ». Le CCG envoie des troupes à Manama dont la sécurité est menacée et ce, conformément à un accord qui stipule que « toute atteinte à la sécurité d'un membre est considérée comme une atteinte à la sécurité de tous ». Mille policiers, essentiellement des Saoudiens de la force commune du CCG, appelée « Bouclier de la péninsule » depuis sa mise en place en 1984, sont depuis hier au Bahreïn pour aider la dynastie sunnite des Al-Khalifa, à maintenir l'ordre et la sécurité et faire face à une contestation grandissante qui risque, si elle persiste encore quelques jours, de faire voler en éclats le petit pays qui pourrait décréter, la loi martiale pour trois mois, , arguant que des « mouvements extrémistes » tentent de déstabiliser le pays et de l'entraîner dans un conflit religieux. Officiellement, ces «mercenaires » à la sauce du Golfe qui seront rejoints aujourd'hui ou demain par leurs collègues des Emirats arabes, assureront seulement la sécurité des infrastructures et des institutions stratégiques du pays, qui accueille la Ve flotte américaine. L'opposition ne réclame plus des réformes politique telles la mise en place d' « un Parlement aux pleins pouvoirs » et d'un « gouvernement élu » comme le propose le prince héritier Salman ben Hamad Al-Khalifa. Elle veut « détrôner » la minorité sunnite, au pouvoir depuis deux siècles. Le Royaume wahhabite veut éviter la chute du régime. Comme les états à forte minorité chiite dans la région, il redoute les effets de la contestation à Bahreïn sur ses pétrolifères provinces orientales. « Les chiites des Etats à forte population chiite, le Koweït et l'Arabie saoudite en particulier, pourraient intensifier leur propre mouvement de contestation» estime Ghanem Nouseibeh, du cabinet de consultants Cornerstone Global, n'excluant pas de voir cette « agitation à Bahreïn se transformer en violences religieuses » dans la région. De passage à Bahreïn, le secrétaire américain à la Défense, n'a pas exclu cette éventualité. Surtout si le roi ne prenait pas l'initiative des réformes et n'ouvre pas un dialogue pacifique et constructif avec l'opposition. Curieusement, l'Iran et les Etats-Unis ont exprimé la même exigence a Manama : éviter la « violence » contre les manifestants et « respecter les droits » de ces derniers à manifester.