La grève inopinée observée, dimanche dernier, par les pilotes d'Air Algérie a été un ultime appel pour « mettre en place une organisation juste et rationnelle » du travail au sein de la corporation. Le Syndicat des pilotes de ligne d'Air Algérie (SPLA) a exigé la mise en place du système Aims de gestion informatisée du nombre des heures de vol afin d'assurer un « meilleur contrôle » et une plus grande « équité » dans le partage du travail. « Actuellement, le partage du travail se fait de manière manuelle, ce qui crée des disparités en matière de nombre d'heures de vols entre les pilotes, influant ainsi directement sur les revenus qui sont calculés sur la base du nombre d'heures de vols effectuées. Cette situation fait que certains pilotes dépassent la norme nationale et internationale de nombre d'heures de vols alors que d'autres ne font même pas le minimum du programme exigé », a expliqué Segouane, SG général du SPLA. « Il est question aujourd'hui de basculer vers la gestion informatisée afin de mettre fin aux disparités. » La mise en place de ce système a été discutée avec le partenaire social depuis plus de trois ans. « L'administration a accusé du retard dans le basculement vers ce système en raison de la bureaucratie mais surtout de la résistance observée parmi les travailleurs que cette gestion archaïque arrangeait », a-t-il expliqué. Outre la transparence et l'instauration d'une justice en termes d'heures de travail effectuées, la mise en place de l'Aims va également permettre un « suivi et un contrôle des vols de chaque pilote de manière périodique ». « Certes, les heures de vols sont fixées en fonction du programme commercial de la compagnie, mais la mise en place d'une nouvelle organisation est nécessaire afin de se conformer à la réglementation internationale d'aviation qui n'est pas tout le temps respectée », a expliqué notre interlocuteur. En un mot, le pilote du pavillon national « ne doit pas être un esclave contraint de voler plus que la norme en vigueur, ni un rentier qui attend un salaire confortable sans fournir des efforts d'autant qu'au final, c'est sa licence de vol qui est mise en jeu. » Le SPLA affirme avoir reçu des garanties quant à la mise en place de l'Aims début 2018. Conscient des défis de la compagnie, appelée à se doter de nouveaux appareils, à recruter et à former de nouveaux pilotes, le syndicat estime qu'« il est justement grand temps de mettre en place cette organisation rigoureuse et transparente ». Les négociations entre la direction générale de la compagnie et le syndicat se sont poursuivies hier. Le partenaire social a remis une série de propositions pour dénouer la crise. « Outre la formation des pilotes et l'acquisition de nouveaux appareils, nous avons besoin de cette organisation et de régler nos faux problèmes pour une bonne relance de la compagnie », a conclu notre interlocuteur.