Présent lors de la projection, le ministre de la Culture a appelé les producteurs à ne plus compter sur l'aide de son département pour les films « trop coûteux ». Un film à gros budget est, souvent, un film réussi. Ce n'est pas le cas des petites productions souvent bouclées péniblement. C'est loin d'être une règle. Nombre de petits films ont écumé les grands festivals mondiaux en rivalisant avec de grosses cylindrées. Serait-ce le cas du dernier long métrage « Boudjemaâ rah idour » du réalisateur-comédien Badis Foudala ? Projeté en avant-première samedi dernier au soir, à la salle Algeria à Alger, en présence du ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, le produit n'a pourtant joui d'aucun soutien financier. Son réalisateur ayant opté, à dessein, pour un financement « individuel ». Un défi de taille quand on pense à la masse de producteurs qui « encerclent », selon l'allégorie du ministre, le Palais de la culture. Cette démarche en solo a suscité les encouragements de Mihoubi. Dans une brève allocution, il n'a pas tari d'éloges sur le fils du grand dramaturge Mohamed Tahar Foudala, qualifiant son œuvre de « valeur ajoutée à la culture ». Le ministre a saisi l'occasion pour tempérer les ardeurs des producteurs en quête d'aide des services publics. Il a brandi l'argument massue de l'austérité budgétaire prônée par le gouvernement. « L'ère du financement par le ministère de la Culture des grosses productions est révolue. Il faut désormais compter sur soi », a-t-il clamé. « Toutefois, certains « bons films » faits par les jeunes cinéastes seront aidés », a-t-il assuré. Le ministre a annoncé la distribution commerciale, à partir de décembre prochain, de tous les films algériens, récents et anciens, et des productions étrangères. « Il faut que le citoyen renoue avec le cinéma comme ce fut le cas dans les années 1970 et 1980 », a-t-il martelé. Pragmatique, le ministre préfère passer outre les critiques. Toutefois, il dit partager le constat concernant la situation des salles de projection. « On connaît tous ça, mais il n'est plus question de priver le citoyen de son droit au cinéma », a-t-il ajouté. Mihoubi a, par ailleurs, évoqué le projet, actuellement en chantier du côté de la ville d'El Achour du projet de la ville cinématographique. Il a promis que celle-ci disposerait de toutes les infrastructures pour la réalisation des films et des feuilletons. « L'Algérie est un pays de cinéma par excellence. Nous tenons à inciter les producteurs à produire ici plutôt qu'à l'étranger », a-t-il indiqué. Une comédie sociale Cent pour cent algérien, « Boudjemaâ rah idour » est une comédie sociale positivement accueillie par un public de cinéastes, de comédiens, d'écrivains... venu nombreux à la séance de projection. Le réalisateur met en scène un personnage avide d'argent, Boudjemâa (Rachid Zeghmi). Un « bledard » fraîchement débarqué en ville. Obsédé par la fortune et le gain facile, il s'entiche d'une jeune femme riche (Amel Melghad) et finit par la prendre comme épouse, au lendemain de la mort de son époux. Faisant fi des sarcasmes de ses proches et se fichant comme d'une guigne d'une morale à laquelle il croit très peu, il finit par subir le revers de la médaille. « C'est un film qui, à travers une multitude de scènes burlesques, porte une valeur morale », a soutenu Badis Foudala, non sans reconnaître la « difficulté » du genre comique. Le cinéaste a, par ailleurs, plaidé pour l'insertion de l'art et la culture dans la dynamique du développement national ». « Il faut en faire un élément parmi d'autres pour relever les défis auxquels est confronté l'Algérie », a-t-il souligné. Le scénario et les dialogues du film ont été confiés à Hakima Ferah et la direction photo est l'œuvre de Nacereddine Cherchali. Le film est produit par Scoop Pictures Productions.