Peu bavard mais très accueillant, aâmi Ahmed maîtrise parfaitement bien l'art d'aborder, d'attirer et de mettre à l'aise ses clients. Il lui faut juste quelques secondes pour les faire plonger dans les racines profondes du vaste désert qu'il connaît parfaitement bien. Né en 1945 et guide touristique depuis 1973, Ahmed Sabir est autodidacte. « Je n'ai jamais fait de formation. J'ai appris ce métier sur le tas en côtoyant les anciens guides de la région », nous a-t-il confié. Il avait 20 ans quand il a entamé son travail dans le Hoggar. D'une agence de voyages à une autre, il s'est forgé en faisant visiter, pendant de longues années de son parcours, un nombre important de touristes étrangers aussi bien dans le Hoggar que dans le Tassili. Le bon guide, selon lui, est celui qui connaît « toutes les sources d'eau » pour pouvoir faire face à toutes les difficultés. « L'eau est un élément important dans le désert. Il faut s'arrêter dans des endroits où il y a de l'eau, qu'elle soit potable ou non », a-t-il indiqué. La nature du terrain, le chemin, les noms des oueds et des montagnes ainsi que leurs significations sont autant d'informations que le guide doit connaître et maîtriser. Malheureux de ces moments de détresse que traverse le tourisme saharien, Ahmed Sabir reste optimiste quant à la relance du tourisme national. « Nous souhaitons que les Algériens viennent visiter leur pays », a-t-il dit. Pour cela, il compte beaucoup sur l'apport des agences de voyages du Nord avec qui il a effectué un circuit enrichissant. « Avant, ils entendaient parler du Sud seulement. Maintenant, ils ont vu et pris beaucoup de photos et de vidéos. Nous espérons qu'ils reviennent avec des groupes de touristes algériens et ils peuvent compter sur nous pour leur montrer et raconter tous les secrets du Hoggar », a-t-il dit. Pour lui, les plus beaux sites algériens sont situés dans le Tassili-Hoggar et dans le Tassili N'adjer qu'il ne faut pas abandonner. « Nous sommes prêts à aider les touristes en mettant en place des tarifs adaptés à leurs bourses et nous demandons l'aide des autorités nationales pour ramener les jeunes Algériens à Tamanrasset, en faisant baisser le prix du voyage », a-t-il ajouté. Ayant côtoyé aussi bien les Algériens que les étrangers, Ahmed Sabir sait faire la distinction. « Les étrangers aiment les circuits sur méhari de longs séjours (20 jours), pour visiter le maximum de sites. Beaucoup aiment la traversée Hoggar-Tassili. Ils font travailler tout le monde, alors que les nôtres aiment le voyage par voiture et le bivouac sur une circuit ne dépassant pas les huit jours. Tout les Algériens demandent l'Askrem, car c'est la source du tourisme à travers le coucher et le lever du soleil. » Il a récemment créé sa propre agence « Amadghour Voyage » pour poursuivre son parcours dans un secteur dont il ne peut plus se détacher.